Les menaces de pénurie énergétique hivernale qui planent sur notre pays échauffent les esprits. Les faîtières de l’économie s’inquiètent légitimement des conséquences potentielles des interruptions de courant sur la production. Elles mettent la pression sur le Conseil fédéral, coupable selon elles de faire preuve d’attentisme. Président d’economiesuisse, Christoph Mäder a estimé dans la presse dominicale que la Confédération devrait prendre des mesures d’économie dans le domaine privé «avant que l’économie ne soit étranglée».
Sortant enfin un brin de sa torpeur, le gouvernement a annoncé hier une première série de mesures liées à la consommation de gaz. Il a notamment décidé que la Suisse devait se fixer un objectif volontaire de réduction de la demande de gaz de 15% pour le semestre d'hiver. Il s’est en outre penché sur différentes variantes de restrictions ou interdictions de consommation et sur les principes applicables à un contingentement. Il prendra acte des différents projets d’ordonnance à cet effet la semaine prochaine, qui seront ensuite envoyés pour une brève consultation auprès des acteurs concernés. Ce sera l’occasion de prendre la température de l’économie et de l’opinion, si l’on ose dire.
Invité de La Première lundi matin, Guy Parmelin, conseiller fédéral chargé de l’Economie, a appelé la population à se préparer à devoir économiser l’énergie, tout en évitant toute «dramatisation». Sur ce point, on doit lui donner raison. Rien ne sert d’évoquer des perspectives d’«apocalypse» comme certains politiciens ont cru utile de le faire dans les médias. Le président de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police, Fredy Fässler, est même allé jusqu’à imaginer des scènes de rébellion et de pillage en cas de blackout. Agissons donc au lieu de hurler avec les loups !
Le temps presse
Quelques mois nous séparent de la saison froide, mais le temps presse assurément. De leur côté, les cantons, qui seront au front lorsqu’il s’agira de mettre en application les mesures fédérales, étudient les conséquences d’une pénurie et quelles mesures il conviendra de prendre, a-t-on appris sur les ondes de la RTS. Les réseaux d’électricité et de gaz étant interconnectés, ils jugent indispensable d’éviter toute cacophonie lors de la prise de décisions. Le canton de Vaud communiquera rapidement dans la foulée des annonces à venir de la Berne fédérale.
A quoi faut-il s’attendre en ce qui concerne l’électricité? Les experts s’entendent aujourd’hui pour affirmer que les mesures de réduction de consommation individuelles et collectives ne suffiront pas à compenser le déficit de courant dont la Suisse souffre pendant la saison hivernale. L’Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise (OSTRAL), dont la mission consiste à planifier les mesures d’économie d’énergie prononcées par la Confédération, prévoit plusieurs paliers qui vont du simple appel à réduire la consommation jusqu'à des coupures ponctuelles d'électricité. On attend donc des décisions fortes et cohérentes. La solidarité à tous les échelons sera primordiale.
Passé le cap périlleux de cet hiver, le problème restera entier. Il faudra donc mettre les bouchées doubles - voire davantage - pour accélérer la transition énergétique. Développement du solaire, de l’hydraulique et de l’éolien, amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et réduction de notre consommation constituent des priorités. Surtout, la Suisse serait bien avisée de renouer avec l’Union européenne, notamment dans le domaine de l’approvisionnement électrique. On mesure aujourd’hui déjà les dégâts consécutifs à l’abandon inopportun de l’accord-cadre.
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