Malgré les incertitudes conjoncturelles, les entreprises vaudoises prévoient des augmentations de salaires importantes en comparaison historique à 1,8% en moyenne l’an prochain. Les syndicats des employés de l'Etat, de leur côté, réclament une compensation de 5% du renchérissement. Contrastes.
Bon nombre de nos concitoyens ont mal à leur portemonnaie en raison de la hausse du coût de la vie (loyers, caisse-maladie, énergie, biens de consommation, etc.). Dans ce contexte, les entreprises ne ménagent pas leurs efforts pour compenser dans la mesure de leurs moyens le renchérissement. En début d’année, comme l'indique l'enquête conjoncturelle d'automne de la CVCI, elles sont parvenues à allouer une hausse des salaires de 2,2% en moyenne (contre 1,4% en 2022). Alors que l’inflation ralentit, mais reste élevée et devrait s’inscrire à 2,2% sur l’année 2023, l’évolution des salaires réels devrait donc être nulle. Une situation identique se dessine l’an prochain, avec une augmentation salariale moyenne prévue à 1,8% et un renchérissement des prix sous la barre des 2%.
Dans le détail, 19% de nos entreprises membres octroieront une augmentation de plus de 3%, alors que 40% ne pourront pas en accorder. Il ne faut pas se le cacher: la conjoncture mondiale est instable et les entreprises doivent faire face aux coûts toujours plus élevés de l'énergie et de nombreuses matières premières, sans parler des problèmes qu'elles rencontrent au niveau de la chaîne d'approvisionnement. Au final, ce sont les marges et les investissements des entreprises qui fondent. Des nuances existent en fonction des différents secteurs.
Pendant ce temps, les syndicats de la fonction publique expriment leur mécontentement à l'égard de la compensation de 1,7% que le Conseil d'Etat va octroyer à ses employés, pourtant dans la moyenne au niveau suisse. Ils étaient hier quelques centaines à défiler dans les rues de Lausanne pour protester contre la «pingrerie» étatique et pour réclamer rien moins que 5% de hausse! Dans le même temps, le personnel de l'administration fédérale devra probablement se contenter d'une augmentation de 1% l'an prochain. En guise de rappel, pour l'année en cours, il s'est vu accorder une hausse de 2,5%. En 2022, il avait obtenu 0,5%.
Le personnel de l'Etat de Vaud nous rejoue donc sans gêne la même partition que l'an dernier. Dois-je encore rappeler que les employés du secteur privé ne disposent pas d’annuités et qu’ils ne reçoivent pas forcément de prime? J’ajoute que la croissance des effectifs dans les entreprises est très en deçà de celle du Canton, dont l'administration devient année après année toujours plus pléthorique.
Concurrence déloyale
A ce constat s'ajoute un élément qui éclaire sous un jour encore plus âpre le débat entre privé et public: une forme de concurrence déloyale s'établit entre les deux secteurs. Selon une étude de l’Institut de politique économique suisse de l’Université de Lucerne, un fonctionnaire est souvent mieux payé que dans le privé, à caractéristiques égales. Les auteurs de cette enquête expliquent ce plus salarial par la volonté des administrations publiques d’attirer des talents. Au niveau fédéral, l'écart est significatif: les collaborateurs de l’administration disposant des mêmes qualifications et de la même expérience, avec des responsabilités similaires, sont payés 11,6% de plus que dans le secteur privé.
Et pendant ce temps-là, comme si la couche de soucis n'était pas assez épaisse, les syndicats nationaux, Pierre-Yves Maillard et l’USS en tête, s'escriment à bloquer le dossier de l’accord-cadre. La coupe, comme le dit la sagesse populaire, est pleine! La prospérité de notre pays passe par des sociétés compétitives qui font au mieux pour proposer des salaires concurrentiels. L'économie n'est pas l'ennemie du pays, bien au contraire! Il faut s'en souvenir à l'heure où les défis se succèdent sans discontinuer pour les entreprises.
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