La pandémie de Covid-19 et le récent blocage du Canal de Suez par un cargo ont rappelé la fragilité des chaînes d’approvisionnements. Privilégier les circuits courts est certes souhaitable, mais l’ouverture sur le monde et les échanges demeurent essentiels.
Les images d’un cargo bloquant pendant plusieurs jours le canal de Suez et paralysant une partie du commerce mondial ont fait le tour du monde ces derniers jours. Elles ont permis de rappeler à quel point les chaînes d’approvisionnement demeuraient fragiles aux moindres soubresauts internationaux, qu’ils soient d’ordre technique ou géopolitique. Avant cet épisode nautique, la pandémie de coronavirus nous l’a aussi montré dans toute son ampleur.
Ces événements, qu’ils soient ponctuels ou inscrits dans une certaine durée, sont l’occasion de redire que la complexité des produits mis sur le marché aujourd’hui nécessite des composants venant de plusieurs pays, comme c’est par exemple le cas pour les vaccins. Dans ce contexte, il est bien sûr tentant de privilégier des circuits courts, de disposer de fournisseurs plus proches pour éviter de faire venir des substances de Chine ou d’ailleurs ou de subir les aléas d’un bateau bloqué sur un axe maritime stratégique. Tout cela paraît pourtant bien théorique pour un pays comme le nôtre, qui ne dispose pas de matières premières, et qui dépend de ce fait largement d’importations.
Conception à repenser
La crise sanitaire et économique que nous subissons actuellement a fait émerger une autre problématique sur le devant de la scène commerciale: l’essor continu de la production à flux tendu. Depuis des années, nombre d’entreprises ont modifié leur modèle d’affaires en abandonnant l’idée d’avoir des stocks, ce qui coûte argent et espace, pour privilégier la production en fonction des besoins. Cette approche nécessite une coordination parfaite entre les différents acteurs de la logistique, de la production et de la vente. A la lumière de la pandémie et de ses conséquences sur ce que les Anglo-Saxons appellent la «supply chain», ce n’est peut-être plus la meilleure solution à envisager.
Mon propos ne consiste évidemment pas à remettre en cause «le système». La Suisse aura toujours besoin de partenaires extérieurs, de rester ouverte sur le monde. Les échanges, il n’est pas inutile de le rappeler, ont largement contribué à accroître sa prospérité. Mais le temps est peut-être venu de repenser, du moins en partie, notre conception de la chaîne d’approvisionnement, tout en gardant à l’esprit que ces adaptations auront inévitablement des répercussions sur le coût des produits.
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