La Trust Valley a été officiellement lancée la semaine dernière. Ce pôle de compétences lémanique en matière de confiance numérique et de cybersécurité ambitionne de devenir un acteur majeur sur la scène mondiale. Une initiative à saluer.
Ecublens avait des airs californiens jeudi dernier. Tout ce que les cantons de Vaud et de Genève comptent comme acteurs publics, privés et académiques actifs dans le numérique se sont retrouvés à l'EPFL (et, pour certains, en ligne) pour mettre sur orbite la Trust Valley. Inspirée de la Silicon Valley chère à Bill Gates, cette initiative a pour objectif de fédérer cet écosystème lémanique en mettant en avant tout son savoir-faire. Lennig Pedron, directrice de l'entité, a parlé de «promouvoir, connecter et mettre en réseau les acteurs publics et privés du secteur de la confiance digitale et de la cybersécurité, dans le but d'innover, de faciliter l'attrait et l'éclosion de talents, de start-up, et de monter des projets collaboratifs entre les acteurs du cluster». La Trust Valley est portée par les deux cantons romands précités, l'EPFL, la HEIG-VD, la HES-SO Genève, l'IHEID, l'Unige, l'Unil, ELCA, le GCSP, Kudelski, SGS et Sicpa.
Notre région dispose assurément de compétences considérables dans la confiance numérique: 300 entreprises au moins œuvrent dans ce domaine, dont plus de 120 PME. Une quarantaine de sociétés travaillent dans la cybersécurité, à peine moins dans la science des données. Pendant toute la matinée, les différents intervenants (conseillers d'Etat, recteurs d'université et entrepreneurs) ont vanté les mérites de cette initiative. Carlos Moreira, fondateur et CEO de Wisekey, a jugé le moment opportun pour lancer la Trust Valley, estimant que la période actuelle se caractérisait par un déficit de confiance: «Il faut un reset», a-t-il plaidé.
Conserver les talents
L'enthousiasme perceptible dans les propos des divers orateurs a toutefois été tempéré à plusieurs reprises. Certains d'entre eux ont souligné les quelques faiblesses dont souffre cet écosystème. Martin Vetterli, qui préside l'EPFL, a dit son déchirement de voir des sociétés de pointe locales être rachetées par des entreprises étrangères, à l'image de la société genevoise ID Quantique acquise par des Sud-Coréens. D'autres participants ont exprimé la crainte de voir les ingénieurs formés dans nos Hautes écoles s'exiler chez Google ou Facebook. L'un des défis majeurs consistera à les garder et, surtout, à attirer les talents étrangers qui se font de plus en plus rares.
La Trust Valley a les moyens de devenir l'un des acteurs majeurs de la confiance numérique. La récente étude de la CVCI sur la blockchain montre que la Suisse est prête à relever des défis digitaux ambitieux. A travers un message vidéo, Brad Smith, président de Microsoft, a souligné le rôle majeur que les cantons de Vaud et de Genève sont amenés à jouer dans le domaine de la confiance numérique, et les a encouragés à aller de l'avant. Mais comme l'a souligné le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba, il s'agira, pour les deux cantons initiateurs, de dépasser les petits intérêts personnels. La Trust Valley devra s'ouvrir au reste du pays pour atteindre les sommets qu'elle convoite.