Vous avez aimé l’initiative contre l’immigration de masse, ou celle dite « de limitation », alors vous allez adorer la dernière-née de l’UDC : « pas de Suisse à 10 millions ! », greenwashée par les initiants en initiative pour la… durabilité. Ne soyons pas dupes, dans les faits, il s’agit bel et bien d’une initiative de résiliation bis de la voie bilatérale.
A l’heure où le Conseil fédéral relance timidement le processus d’un accord avec Bruxelles, cette initiative vient polluer les débats et ajouter des embûches à la compétitivité. Si les effets de l’abandon de l’accord cadre ne se font pas encore pleinement sentir, ils sont déjà douloureux. Et il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour se rendre compte qu’aucun autre pays n’a autant profité de sa participation au marché intérieur européen que le nôtre, notamment avec la libre-circulation des personnes. Trouver le meilleur chemin pour rétablir cette voie devient donc une priorité criante.
Le besoin de main-d’œuvre s’impose comme le défi de ces prochaines années au sein des entreprises. Déjà d’actualité, ce défi va encore être dopé par le départ à la retraite des baby-boomers. Mettant sous pression, au passage, notre système de prévoyance. Ajoutez à l’équation que notre pays se retrouve à la croisée des chemins infrastructurels : produire plus d’électricité dans nos frontières, améliorer notre réseau de transports, construire de nouvelles habitations. On pourrait croire que la Suisse est arrivée à saturation.
Bien plus que d’espace, pour rester à flot, notre économie a besoin de plans ambitieux. Dans ce contexte, une initiative électoraliste qui remue l’anxiété d’une immigration non contrôlée, tout en flattant l’autre extrême de l’échiquier politique avec un mirage de durabilité, revient à jouer avec le feu. Notre pays manque cruellement de confiance en l’avenir et de projets constructifs.
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