Censé être opérationnel à l'horizon 2025, le réaménagement de la gare de Lausanne est repoussé à… 2037. Ou pas, tant les annonces de report se succèdent de semestre en semestre! Aujourd’hui, on nous annonce que le chantier prendra quatre à cinq ans de retard. Tant d'incurie laisse pantois. Les usagers et le dynamisme de toute la Suisse romande en paieront hélas le prix fort.
L'image, pour le moins inhabituelle, avait valeur de symbole: lundi matin, tous les partis représentés au Conseil communal de Lausanne ont dépêché un représentant sur la Place de la gare pour exprimer leur mécontentement face au énième report d'un chantier censé adapter ce nœud ferroviaire aux besoins futurs en termes de mobilité. Cette unanimité de circonstance matérialise le ras-le-bol des autorités face à des promesses non tenues de longue date. Et ne parlons pas de la colère des usagers qui doivent déjà slalomer sur les quais et s'entasser dans des rames bondées.
Il est bien loin le temps où la conseillère fédérale Doris Leuthard déclarait que la gare de Lausanne était «une priorité nationale». C'était en 2011. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts ferroviaires. Financement, mise à l'enquête, autorisation de construire assortie de plusieurs centaines de modifications techniques à apporter, bref, tout s'enchaîne plus ou moins bien. Mais le processus prend du retard en raison d'une bisbille entre les CFF et l'Office fédéral des transports (OFT). Il débouche enfin, l'an dernier, sur un communiqué commun au terme duquel les deux entités s'engagent à commencer le chantier avant la fin de l'année 2022.
Chantier, maintenant!
Puis patatras! En octobre 2022, l'OFT annonce que cet engagement ne pourra pas être tenu pour des questions de statique. Un comble pour un projet qui est censé avancer. Plusieurs adaptations sont ainsi rendues nécessaires afin de mieux absorber les flux de passagers attendus à l'horizon 2045. La fin du chantier est désormais prévue à l'horizon 2037.
On veut bien admettre qu'un tel projet est complexe et que des retards peuvent survenir. Mais l'ampleur de ces derniers interpelle! L'OFT et les CFF clament aujourd'hui «qu'avec les choix faits à l'époque, la gare serait très rapidement dépassée». On flirte clairement avec l'incurie. Pendant ce temps, les gares des autres grandes villes du pays sont en mesure de répondre à la demande croissante, qu'elle soit due à des velléités environnementales ou tout simplement à la croissance démographique. Les CFF, leurs mandataires et l'OFT assurent désormais que les adaptations prévues tiendront mieux compte des besoins futurs en termes de flux des clients. C'est bien le moins que l'on puisse attendre.
La balle est désormais dans le camp des techniciens. Il n'existe hélas guère de moyens de raccourcir les délais annoncés. Pire, des oppositions restent possibles, avec le risque d'allonger encore l'horizon temporel. Les pouvoirs publics ont le devoir de suivre de très près l'évolution de ce dossier afin de s'assurer que l'on aperçoive enfin le bout du tunnel.
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