L’agence Frontex a été créée pour renforcer et coordonner les contrôles aux frontières extérieures dans l’espace Schengen. Pour consolider ce dispositif, la Suisse doit accroître sa participation financière. Une contribution nécessaire dans une approche sécuritaire.
Plus d’accès au Système d’information Schengen (SIS), rétablissement des contrôles systématiques aux frontières, vacanciers suisses condamnés à de longues files d’attente aux postes de douane européens, obtention d’un visa spécifique en plus d’un visa Schengen pour les touristes extra-européens visitant notre pays! Tel serait le lourd tribut à payer en cas de rejet de notre participation à l’élargissement de Frontex, lors des votations fédérales du 15 mai prochain. Le bon sens commande d’accepter cet objet, qui conduira la Suisse à participer au développement de cette Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. En mettant à disposition du personnel et du matériel supplémentaires, notre contribution financière passerait de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions en 2027.
La Suisse fait partie de l’espace Schengen depuis 2008. Afin de garantir la sécurité dans ce périmètre, les États membres coopèrent étroitement. Ils sont soutenus par Frontex, agence à laquelle la Suisse participe depuis 2011, pour le contrôle des frontières extérieures. Frontex est en développement dans l’Union européenne (UE) depuis la fin de 2019. Le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé que la Suisse s’y associerait, en augmentant progressivement sa contribution financière. Le référendum a été demandé contre ce projet: les opposants estiment que notre pays, par son soutien financier à cet organisme, se rend coresponsable de violations des droits de l’homme. Il n’en est rien. Cette agence améliore la coopération européenne en matière de protection des frontières et de rapatriement des personnes entrées illégalement, et permet ainsi de mieux faire respecter les droits fondamentaux des migrants.
Un enjeu considérable
L’enjeu est énorme, je le rappelle: un rejet du développement de Frontex par les urnes risquerait de causer l’exclusion de la Suisse du réseau Schengen/Dublin. Les autorités sécuritaires de notre pays n’auraient ainsi plus accès au Système d’information Schengen, qui aide la Confédération à lutter contre la criminalité internationale, le terrorisme et les migrations irrégulières. Chaque jour, plus de 300’000 demandes sont faites en Suisse dans le SIS par les polices cantonales, les garde-frontières et les offices des migrations, qui aboutissent à près de 20’000 résultats positifs chaque année. C’est dire si cet instrument est indispensable.
Sortir de Schengen/Dublin marquerait en outre le retour des contrôles frontaliers systématiques. Or quelque 2’200’000 personnes passent chaque jour notre frontière. Ces contrôles provoqueraient d’importants temps d’attente et des embouteillages aux points de passage, dans les deux sens, sans parler des coûts et des problèmes de recrutement de personnel engendrés. Par ailleurs, les nombreux touristes extra-européens qui visitent la Suisse lors d’un voyage en Europe devraient, en plus de leur visa Schengen, demander un visa spécifique pour notre pays. Cette contrainte supplémentaire pourrait décourager certains voyageurs d’inclure la Suisse dans leur tour d’Europe, au grand dam du secteur touristique.
Cet espace de sécurité commun est mis à mal par les importants mouvements de réfugiés et l’augmentation de la criminalité transfrontalière de ces dernières années. Les garde-frontières nationaux ont souvent été dépassés et des violations des droits de l’homme ont été constatées. Frontex doit donc être développée afin d’améliorer la coopération européenne en ce domaine. C’est pourquoi un oui déterminé s’impose le 15 mai prochain.
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