L’essor du télétravail pendant la crise sanitaire fait craindre à terme des délocalisations d’emplois. Si le risque est réel pour certaines professions connectées, d’autres, bien ancrées dans le concret, demeureront ici. Apprentissage et formation continue joueront un rôle-clé.
La tentation pourrait désormais être grande chez certains employeurs: profiter du boum du télétravail pour recruter du personnel sous d’autres cieux moins onéreux. Ce scénario, inspiré par la pandémie de Covid, est esquissé par un institut anglais dans une étude que «24 heures» détaille dans son édition de lundi. Selon le Tony Blair Institute for Global Change, en Grande-Bretagne, les contraintes du home office ont débouché sur une révélation pour les chefs d’entreprise: la productivité a augmenté durant le confinement. De ce fait, un emploi sur cinq risquerait d’être délocalisé. Parmi les jobs susceptibles de migrer vers des contrées aux salaires moins élevés, l’institut de l’ex-premier ministre pointe tous ceux dont les tâches sont effectuées via un ordinateur.
Dans un monde globalisé qui se numérise à marche forcée, il est logique que le marché du travail cherche à s’adapter. Fort heureusement, il reste un grand nombre de professions «bien ancrées» dans le réel que l’on ne saurait transférer. Prenons le secteur de la construction, par exemple. A travers un apprentissage, bien des métiers passionnants ne sont pas menacés d’obsolescence. Mieux: l’innovation jouera un rôle de moteur pour les jeunes avides de nouvelles connaissances. Songeons, par exemple, aux maisons que l’on doit rendre moins énergivores.
Le rôle de l’humain
Face à cette évolution vertigineuse, la formation continue demeure la meilleure manière de maintenir, voire d’accroître son employabilité. On sait aujourd’hui qu’il s’agira de se former en permanence, de redonner constamment du sens à ses activités et aux échanges. Replacer l’humain au cœur des entreprises n’est pas qu’un slogan, il s’agit d’une nécessité. C’est ce qui fera la différence face à l’émergence de l’intelligence artificielle, qui ne saurait se substituer au génie et aux contacts humains.
Autre enseignement de cette problématique générale, qui a valeur de confirmation: la difficulté que certaines entreprises rencontrent pour recruter les talents manquant sur le marché suisse, en particulier dans les domaines numériques de pointe. Il faut dire aux geeks qui préfèrent résider à Berlin ou à Barcelone, et c’est le devoir de nos autorités de marteler ce message, que le canton de Vaud offre une qualité de vie remarquable et variée. Sports d’été, sports d’hiver, nature intacte, vie nocturne et tranquillité constituent des atouts susceptibles d’attirer des jeunes gens talentueux.
Et puis, si ces talents ne veulent décidément pas profiter des avantages que procure la douce Helvétie, pourquoi ne pas recourir à leurs compétences à distance? Ce qui vaut dans un sens vaut aussi dans l’autre.
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