Une étude révèle que près des deux tiers des employés utilisent l'intelligence artificielle dans le cadre de leur activité professionnelle, sans forcément en informer leur hiérarchie. Une réflexion sur l'utilisation de cette technologie s'impose dans les entreprises.
Elle est à ce point omniprésente dans les discussions et les médias qu'on en vient à se demander si elle n'a pas déjà pris le pouvoir… Blague à part, l'intelligence artificielle (IA) est partout. Elle fascine autant qu'elle inquiète. On a beaucoup parlé de son utilisation par les étudiants et les écoliers. Mais qu'en est-il dans le milieu professionnel? Une étude récente lève le voile sur certaines pratiques dont les chefs d'entreprise n'ont pas forcément encore pris la mesure.
Une enquête menée par la société d’audit et de conseil Deloitte montre ainsi que 61% des personnes interrogées qui travaillent sur ordinateur utilisent d’ores et déjà des programmes d’IA Générative dans leur quotidien professionnel – parfois même à l’insu de leurs supérieurs (pour un bon quart d'entre eux)! Ces chiffres paraissent élevés, mais il faudrait être naïf pour imaginer que cette technologie serait l'apanage des seuls ados en mal de réussite scolaire…
Des agents conversationnels comme ChatGPT facilitent certes la vie des utilisateurs, mais leur usage dans le cadre de son emploi soulève de nombreuses questions, juridiques notamment. L'étude de Deloitte révèle l'ampleur du problème: 61% des personnes interrogées déclarent que leur entreprise ne dispose pas de directives internes en matière d’utilisation de l’IA. En outre, 24% des personnes sondées précisent par ailleurs que l’utilisation de l’IA est – pour le moment en tout cas – interdite au sein de leur société.
Interdire? Une mauvaise idée!
Interdire n'est à l'évidence pas une bonne idée, car il se trouvera toujours des employés tentés de recourir en douce à l'IA via leur téléphone portable privé. L'homme est ainsi fait… «Les entreprises ne peuvent pas faire l’impasse sur le déploiement de l’IA dans leur quotidien professionnel, ni même le faire à demi-mesure, déclare Antonio Russo, responsable Innovation chez Deloitte Suisse. Elles doivent au contraire mettre en place des processus actifs afin d’exploiter à fond le potentiel de l’IA Générative et faire face aux risques décrits, étant donné qu’un grand nombre de collaboratrices et collaborateurs utilisent déjà de telles solutions d’IA.»
C'est une évidence: les entreprises doivent très rapidement se préoccuper de cette thématique et mettre en œuvre des directives précisant ce qui est autorisé et interdit, et à quelles conditions. Le risque est grand qu'une utilisation incontrôlée de données personnelles (de clients et/ou de collaborateurs ) ne débouche sur des problèmes juridiques sérieux. Au-delà des directives, les entreprises seraient bien avisées de former et de sensibiliser leurs employés.
L'étude Deloitte le dit clairement: «Les entreprises doivent dans un premier temps clarifier les bases juridiques et technologiques en vue d’une gestion efficace des risques. Ce n’est que dans un second temps qu’il s’agira d’accroître la productivité.»
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