Voilà un podium dont on se passerait volontiers! Vaud fait partie du trio de tête des cantons les plus gourmands au niveau de la fiscalité des particuliers, quelle que soit la catégorie sociale des assujettis. Paradoxe : ce même canton est parvenu à traverser toutes les crises de la dernière décennie sans encombre, enregistrant au passage et en moyenne 650 millions de francs de bénéfice par année. Il aura réussi à le faire en étendant dans le même temps sa politique sociale et la taille de l’Etat, tout en menant des projets d’envergure. Même l’aide pour les primes maladie aux Vaudois (800 mios) ou les aides Covid (403 mios) n’ont pas altéré sa santé financière. Autant dire qu’une baisse d’impôt ne précipiterait aucunement l’Etat dans l’austérité et les coupes budgétaires.
C’est dans ce contexte de finances au beau fixe que les organisations économiques, dont la CVCI, ont lancé une initiative populaire intitulée «Baisse d’impôts pour tous», dont le principe est aussi simple qu’efficace : en l’acceptant, le contribuable soustraira 12% de sa facture fiscale cantonale. Ce texte, dont la récolte des signatures débutera à la mi-octobre, offre une alternative crédible aux diverses mesurettes adoptées jusque-là et, surtout, présente plusieurs avantages. En premier lieu, il ouvre enfin le débat en plaçant ce thème central au cœur de l’agenda politique. Il constitue ensuite une véritable réforme et concerne tous les contribuables, à l’exception de ceux qui sont déjà soumis au bouclier fiscal. Enfin, cette initiative se concentre sur l’impôt cantonal en évitant ainsi de pénaliser les communes, dont la santé financière est aujourd’hui mise à mal, en grande partie à cause de l’Etat.
Comparaisons cruelles pour Vaud
Les comparaisons intercantonales sont cruelles pour Vaud et mettent en évidence des différences d’imposition injustifiables. C’est particulièrement le cas avec des cantons démographiquement et structurellement similaires au nôtre, comme Berne ou Zurich. Il n’existe aucune raison, aujourd’hui, de maintenir une fiscalité confiscatoire dans notre canton à l’égard des particuliers.
Cette initiative permettrait de redonner du pouvoir d’achat à des citoyens qui ont, des années durant, largement contribué à renflouer des caisses cantonales exsangues au début des années 2000. Ce «retour de bon procédé» est dès lors parfaitement légitime. Imaginez qu’il n’y a pas eu de véritable refonte structurelle de l’imposition des personnes physiques depuis une bonne vingtaine d’années... Après la vaste réforme de fiscale des personnes morales, il convient aujourd’hui de se pencher sur celle des personnes physiques (revenus et fortune). Dans cette catégorie, le revenu de l’impôt aura augmenté de 76% ces quinze dernières années !
Oui, il est grand temps de remplacer «l’impôt heureux» par l’impôt judicieux.
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