Vous envisagez de digitaliser votre entreprise cette année? Faites-le sans tarder, la transition numérique est incontournable. Mais pas n’importe comment. Il faut pour cela se baser sur des valeurs, comme le prônent les nouvelles méthodes de management.
Que peut-on souhaiter aux acteurs de l’économie à l’aube de cette nouvelle année, à part une bonne santé, tant du point de vue de leur personne que de celui de leurs affaires? De l’audace, même s’ils n’en manquent pas à l’heure d’innover et de conquérir de nouveaux marchés. De l’audace, donc, et notamment dans la manière de diriger leur entreprise. L’inventivité ne manque pas si l’on en juge par l’abondante littérature relative aux nouvelles méthodes de management, dans lesquelles la hiérarchie devient plus plate. A l’image de l’holacratie, mode de gouvernance horizontale dont nous avons parlé dans la précédente édition de notre magazine «demain».
Car le constat s’impose: l’industrie 4.0, dans laquelle la numérisation, l’intelligence artificielle et les datas jouent un rôle central, bouleverse les schémas usuels et les idées reçues. Ce nouvel univers économique s’accélère à un point tel que le management du siècle passé s’en trouve largement dépassé. Avec l’arrivée graduelle des générations Y et Z, que l’on sait plutôt rétives à des organisations très hiérarchisées, les entreprises doivent offrir une relative autonomie afin de favoriser, chez ces collaborateurs au regard neuf, la créativité et l’interaction qui leur permettront de résoudre des problèmes toujours plus complexes. Il n’est bien sûr pas facile, pour les sphères dirigeantes, de lâcher du lest dans le domaine managérial. C’est pourtant, aux dires de nombreux experts, un passage obligé pour réussir le saut vertigineux de la digitalisation.
L’importance des valeurs
La recette miracle n’existe naturellement pas. Les problèmes inhérents à l’entreprise ne vont pas disparaître d’un coup de baguette magique et l’épanouissement ne sera pas forcément au bout du chemin. COO de MindMaze, start-up lausannoise spécialisée dans les neurosciences, Jean-Marc Wismer remarque dans les colonnes de notre magazine que le bonheur au travail n’est pas l’objectif premier d’une telle organisation: à ses yeux, l’entreprise doit avoir une vision claire et partagée, et générer des profits. «C’est le partage de cette vision et des valeurs de la société, la compréhension de chacun quant à sa contribution à la réalisation de cette vision, ainsi que le succès des affaires et de ce projet commun qui font que les gens sont heureux.»
Essayiste français spécialisé dans l’économie, Nicolas Bouzou parle de l’holacratie comme d’«une grande fumisterie» dans l’ouvrage «Comédie (in)humaine». Pour lui, une entreprise est une structure verticale, comprenant une hiérarchie avec des dirigeants, des managers et des collaborateurs, ce qui n’empêche pas de laisser de l’autonomie, bien au contraire. «Concilier la verticalité avec l’autonomie, voilà le défi intéressant», explique-t-il.
Il s’agit donc de ne pas de jeter les schémas du passé aux oubliettes, ni de foncer tête baissée dans le dernier concept managérial en vogue. Il faut faire le tri entre ce qu’offrent de mieux les anciens et les modernes, et expliquer la démarche à tous les échelons de l’entreprise pour faire passer le message du changement. En un mot, conserver ce qui fonctionne et appréhender différemment ce qui doit l’être pour assurer le futur. Verticalité et horizontalité rencontreront alors mécaniquement leur point d’équilibre.