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L'IA vend du rêve, mais gare aux cauchemars!

    

L'irruption récente de ChatGPT dans nos vies s'apparente à un authentique tsunami numérique. L'intelligence artificielle fait naître les rêves les plus insensés. Pour autant, les promesses de cet instrument cachent des dangers que l'humain se doit d'identifier et de cadrer.

Les médias ne parlent que d'elle depuis des mois. Cette nouvelle star, c'est l'intelligence artificielle (IA), «matérialisée» par l'apparition de ChatGPT. Ce prototype d'agent conversationnel recourant à l'IA et spécialisé dans le dialogue bouleverse déjà le quotidien de millions de gens et fait naître les rêves les plus fous. Pensez, un outil qui permet de rédiger comme un pro en lui proposant simplement un sujet, un angle et une intro, quelle aubaine!

Ces technologies d’intelligence artificielle ont d'ores et déjà une influence considérable sur la façon dont nous interagissons et créons des données et du contenu. ChatGPT a en quelque sorte démocratisé un vecteur d'infos qui semblait inconcevable il y a encore quelques mois. L’effet de surprise a été fulgurant: en seulement cinq jours, la plateforme créée par OpenAI comptait déjà plus d’un million d’utilisateurs.

Profondes mutations en vue

Ce tsunami numérique annonce assurément de profondes mutations pour l’économie et le monde du travail. Le recours aux data n'est certes pas inconnu des entreprises. L'industrie utilise depuis plusieurs années déjà de nombreux outils d’IA dans leurs activités, alors que le secteur tertiaire paraissait s'en désintéresser. Jusqu’à présent. Mais les progrès récents en matière de génération d’images et de textes titillent désormais les fournisseurs de services, car l'IA améliore leur capacité à fournir des résultats plus rapides et plus précis. Utilisée avec… intelligence, elle procure un gain de temps, augmente l’efficience et, par voie de conséquence, la rentabilité des entreprises. La combinaison de l’humain et de la machine augure donc d'un avenir prometteur, même si cette révolution numérique annonce aussi la mort de certains métiers aisément remplaçables par l’intelligence artificielle.

Sans aller jusqu'au scénario du film «I, Robot», il paraît évident que l'IA nécessite un cadre législatif et une formation du grand public sur son utilisation et ses dangers. Le Parlement européen examine en ce moment l'«Artificial Intelligence Act», un projet de règlement destiné à encadrer l'usage et la commercialisation des intelligences artificielles. La Suisse reste pour l'heure en retrait, mais à terme, on peut imaginer qu'elle emboîtera le pas de ses puissants voisins.

Le côté démocratique d'un tel instrument constitue par ailleurs un risque pour vous et moi. Le recours large à l'IA peut clairement limiter l'imagination humaine, et influer négativement sur la réflexion et la prise de décisions. Des chercheurs établissent déjà un parallèle entre ces nouveaux outils et «l'effet Google», qui a tendance à faire oublier aux gens les informations qui sont facilement disponibles via les moteurs de recherche. Ils s’alarment de la potentielle baisse d’utilisation de notre capacité réflexive liée au recours à l’intelligence artificielle dans notre quotidien. Du rêve au cauchemar, il n'y a parfois qu'un pas. La révolution numérique est irréversible, alors autant utiliser ces technologies avec pertinence, de sorte que les entreprises et leurs employés bénéficient de leur diffusion à une échelle maîtrisée.

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI

Contact

Jean-François Krähenbühl

Responsable du dossier "Energie"