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Sale coût pour les médias écrits

    

La restructuration sévère annoncée par TX Group la semaine dernière le rappelle douloureusement: le déclin du journal papier se poursuit de manière inexorable. Cette industrie doit se réinventer comme d'autres avant elle. 

L'annonce a causé un choc au sein des rédactions: TX Group a décidé de supprimer environ 200 postes à temps plein dans le secteur de l'imprimerie dans sa filiale Tamedia. Nonante postes passeront à la trappe au sein des rédactions. L'imprimerie que le groupe possède à Bussigny doit fermer ses portes l'an prochain. Aucun titre ne devrait disparaître, mais le groupe va miser prioritairement sur «24 Heures» en Suisse romande.  

Ces nouvelles coupes, si elles surprennent par leur ampleur, n'étonnent guère les observateurs du monde des médias écrits. Le papier est en perte de vitesse depuis des années face à la déferlante du numérique, qui laisse croire que l'information est «gratos». Des modèles économiques ont montré que la gratuité des journaux est possible. Il reste qu'en France, «20 minutes», dernier journal gratuit distribué dans le pays, a annoncé la suppression de sa formule papier pour se concentrer sur le numérique ce mois encore. 

La loi du marché 

C'est un fait: produire un journal papier est devenu trop cher, et les annonces ont migré vers le digital. C'est la loi du marché. Tamedia fermera deux de ses trois imprimeries, ne laissant subsister que celle de Berne pour des raisons logistiques. Mais pour combien de temps? Si les médias écrits génèrent encore quelques profits, le basculement vers le tout numérique est en marche. Le Conseil d'Etat vaudois a d'ailleurs décidé de proposer une version numérique et libre d’accès de la Feuille des avis officiels (FAO) dans le courant du premier semestre de 2025, mettant à mal une autre institution de l'imprimerie du Canton. 

Cette mutation profonde doit être l'occasion de se réinventer pour l'industrie des médias. Et l'on entend déjà les sirènes de la gauche appeler à un soutien direct des médias, avec tous les doutes que cela sous-entend en matière d'indépendance… De nombreux autres secteurs ont dû se transformer avant celui des médias. On se souvient à peine que des centaines de vidéo-clubs prospéraient il y a encore quinze ans dans nos villes. Aujourd'hui, des plateformes payantes permettent de télécharger à tout-va, commodément. Sans parler de celles et ceux qui profitent des zones grises de la législation pour «streamer» sans payer… La gratuité, elle encore. 

Mue numérique exemplaire 

Il reste que l'information a un coût. Seuls des journalistes bien formés contribuent à jouer le rôle particulier que l'on attribue à ce fameux «4e pouvoir». Les éditeurs doivent investir dans la qualité des médias pour éclairer une population qui a plus que jamais besoin d'être bien informée à l'heure où les réseaux sociaux distillent trop souvent fake news et balivernes. La «Neue Zürcher Zeitung», journal à la longue tradition qualitative, a réussi sa mue numérique pour devenir un média très lu et profitable en misant sur la pertinence de ses informations. L'abonnement complet coûte près de 1000 francs, mais c'est le prix à payer pour lire des infos de qualité. Pour moins de 3 francs par jour, soit moins cher qu'un café… 

Écrit par :

Philippe Miauton

Directeur de la CVCI