Alors qu'un accord sur les Bilatérales se profile enfin entre Berne et Bruxelles, des opposants de tout poil agitent des peurs irraisonnées et multiplient les arguments spécieux pour effrayer la population. Entre repli et décroissance, c'est bien la Suisse qui risquerait d'être perdante.
L'horizon s'éclaircit entre la Suisse et l'Union européenne. Les deux partenaires espèrent mettre la touche finale aux négociations sur les Bilatérales avant la fin de l'année en dépit de trois dossiers qui suscitent encore quelques tiraillements: la libre circulation des personnes, le marché de l'électricité et la contribution au fonds de cohésion européen. La perspective d'un accord, même si le chemin qui mène à son application reste semé d'embûches, réjouit les milieux économiques qui savent combien l'ouverture au marché européen a permis à notre pays de prospérer ces deux dernières décennies.
L’enquête coordonnée menée cet automne par les Chambres de commerce et d'industrie de Suisse latine auprès de plus de 2200 entreprises montre un large soutien de l'économie à la poursuite des échanges avec l’UE. Il en ressort que près de 40% des entités sondées jugent les accords bilatéraux à venir bénéfiques à la marche de leurs propres affaires, alors que seules 4% perçoivent des conséquences négatives. Deux tiers sont d’avis que l’impact sur l’essor économique de la Suisse serait positif. Un récent sondage de l'institut gfs.bern réalisé pour le compte de la SSR montre par ailleurs qu'une bonne partie des électeurs et électrices soulignent que ces accords sont importants pour la Suisse (80%) et son économie (88%).
Deux blocs qui (dé)bloquent
Dans ce contexte a priori favorable, deux blocs se dressent pour vouer les Bilatérales aux gémonies. Il y a tout d'abord l'UDC qui, avec son initiative «Pas de Suisse à 10 millions!», menace de compromettre l'accord de libre circulation avec Bruxelles. Il y a aussi la gauche et les syndicats qui disent préférer le statu quo à «un mauvais accord bilatéral» et qui prônent la décroissance, pour les Verts notamment, comme solution à nos problèmes. Et tout cela au moment même où une grave pénurie de main-d'œuvre met en péril notre développement économique.
On l'a vu avec le résultat de la dernière votation fédérale sur l'extension des routes nationales: aujourd'hui, la population a l'impression d'être submergée ou saturée parce que dans les faits, ce sont nos infrastructures qui n'ont pas suivi (transport, route, loi sur les constructions, crèches, etc.).
Ecoutons la voix de l'économie
La conclusion saute hélas aux yeux: entre la vision d'un repli et celle d'un sous-dimensionnement, la population risque bien d'être doublement perdante. Ce n'est pas en agitant des peurs que l'on fait avancer un pays. C'est pourquoi la CVCI et l’ensemble des organisations économiques de ce pays vont continuer à faire entendre la voix des entreprises, qui demeurent largement favorables à la poursuite de la collaboration avec l’UE. L'Europe des 27, rappelons-le, reste notre principal partenaire commercial avec un volume d’échanges qui s’est élevé à 300 milliards de francs en 2023. La prospérité et la compétitivité de notre pays sont à ce prix.
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