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Le goût pour l’entrepreneuriat ne s’improvise pas

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Le volet suisse d’une étude internationale affirme que les intentions de créer une entreprise sont en baisse dans notre pays par rapport à 2017. Ce recul des velléités entrepreneuriales interpelle. Tentative d’explications.

«La Suisse est loin d’être une nation de start-up.» Le constat, cinglant, émane de la Haute école de gestion Fribourg (HEG-FR), qui a réalisé le volet suisse de la dernière édition du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), soit la plus grande étude internationale portant sur l’esprit d’entreprise. Selon les chiffres publiés la semaine dernière, les intentions de créer une société (6,9%) sont en baisse en Suisse par rapport à 2017 (10,5%) et même inférieures à la moyenne des autres économies à revenu élevé (17,1%). En outre, seuls 7,4% des Suisses se sont lancés dans des activités entrepreneuriales, un taux de base inférieur à la moyenne des pays comparés (10,4%). Plus de 2400 personnes ont pris part à ce monitorage.

Ces données, avouons-le, constituent une demi-surprise. On sait depuis belle lurette que la peur de l’échec entrepreneurial est culturellement assez développée dans notre pays, alors qu’à l’inverse, les Américains ont une grande confiance en leur propre capacité à créer une société. L’étude met d’ailleurs ce point en exergue: «Les chiffres montrent que les Suisses sont moins confiants quant à leurs capacités à créer une entreprise (taux de perception des capacités de 36,3%), ce qui s’accompagne d’une plus grande crainte de l’échec par rapport à 2017 (39,9%, 2017: 29,5%).»

Prendre des risques… ou pas

Une autre explication réside dans la situation plutôt florissante de notre économie par rapport à celle de la plupart de nos voisins européens. Pourquoi créer sa propre start-up et en assumer les risques alors que de nombreuses sociétés innovantes et bien profilées sur le marché sont en quête de talents? Tout cela ne pousse guère à l’aventure entrepreneuriale. Sans parler du manque de soutiens au lancement d’entreprises ou, disons plutôt, la relative méconnaissance des instruments qui existent.

Cette tendance baissière étonne pourtant dans la mesure où de nombreux experts affirment depuis des années que le fait, pour de jeunes Suisses, de côtoyer toujours plus d’étudiants étrangers et de startuppers sur les campus devrait les pousser à se lancer davantage dans la création d’entreprise. Les faits démontrent – et l’enquête le met aussi en évidence – que le dynamisme est clairement plus élevé du côté de l’arc lémanique et de Zurich que dans d’autres régions du pays. L’émulation suscitée par les Hautes écoles n’y est évidemment pas étrangère.

Surtout, la HEF-FR observe une désaffection très marquée de la part de la jeune génération pour l’entrepreneuriat. Ainsi, en comparaison avec les autres économies à revenu élevé, seuls 2,2% des jeunes Suisses âgés de 18 à 24 ans participent actuellement à la création d’une entreprise ou dirigent une start-up. Il s’agit du taux le plus bas de tous les pays, nettement inférieur à la moyenne (9,5 %). La Suisse occupe ainsi le 30e rang des 32 pays à revenu élevé… Pour les 35 à 54 ans, il est de 48,9%! Commentaire de Rico Baldegger, directeur de la Haute école fribourgeoise: «J’en conclus que notre offre de soutien, qui concerne non seulement mais tout particulièrement les universités, s’adresse en réalité au mauvais groupe d’âge. L’image du jeune entrepreneur de génie – le mythe de Mozart – est trompeuse.»

Capital-risque en hausse

Un point positif, toutefois: le Swiss Venture Capital Report a révélé au début de cette année que les start-up suisses technologiques avaient reçu, en 2018, 1,24 milliard de francs en capital-risque. On se s’improvise certes pas entrepreneur, mais nul doute que ces tendances sur le front de l’investissement, ainsi que la vitalité de l’écosystème innovatif vaudois, devraient contribuer à susciter de nouvelles vocations.

Écrit par :

Claudine Amstein

Directrice de la CVCI

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