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La transition sera énergique ou ne sera pas

    

En approuvant la loi climat dimanche dernier, la population suisse a montré son attachement à la politique de neutralité carbone. Elle a donné un mandat clair aux autorités et au secteur de l'électricité de produire davantage d'énergie locale et renouvelable. Le défi est immense. 

On est loin d'un plébiscite, mais l'essentiel est acquis: 59,1% des votants ont approuvé la loi sur le climat et sur l’innovation le week-end dernier. La population est donc en phase avec le monde de l'économie, qui s'est engagé à atteindre zéro émission nette de CO2 d'ici à 2050 et qui a déjà pris de nombreuses mesures allant dans ce sens. Deux ans après le rejet de la loi sur le CO2, le soulagement est réel, car il devient urgent pour notre pays de s'engager résolument pour la production d'énergies renouvelables et la réduction drastique de celles qui sont d'origine fossile, ainsi que l'Accord de Paris de 2015 nous y enjoint. Le projet permet à la fois de réduire les atteintes à l'environnement et de renforcer la sécurité énergétique. Ce oui reste toutefois un petit pas dans la bonne direction, car le chantier qui s'ouvre est colossal. 

Le texte adopté reste une loi cadre qui fixe des objectifs à atteindre, comme la neutralité carbone d’ici à 2050. Il prévoit une aide de 1,2 milliard de francs sur six ans pour encourager les entreprises à miser sur la technologie et l’innovation, ainsi qu'un soutien financier à hauteur de deux milliards pour remplacer les chauffages à énergies fossiles et améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Les instruments et mesures concrètes pour la mise en œuvre figureront, entre autres, dans la prochaine loi sur le CO2, actuellement en révision, qui pourra être sujette au référendum. Les opposants de tous horizons n'ont sans doute pas dit leur dernier mot. 

En filigrane, la question nucléaire revient sur le devant de la scène, et même de manière plutôt décomplexée. Le spectre d'une pénurie a drapé le souvenir de Fukushima d'un voile opaque. Personne ne nie que l'apport des centrales actuelles contribuera à sécuriser notre transition énergétique, tant que celles-ci se révèleront fonctionnelles. Mais des voix de plus en plus nombreuses plaident pour une plus grande ouverture d'esprit à l'égard du progrès technique dans ce domaine. Les centrales atomiques de nouvelle génération, plus petites, plus sûres et plus performantes, rebattent les cartes dans le domaine de l'approvisionnement énergétique. Il reste que tout projet nucléaire hypothétique passe par des votations populaires et des risques élevés de recours. A-t-on vraiment le temps d'attendre vingt ou vingt-cinq ans? 

Dans l'immédiat, les moteurs de la transition énergétique restent l'innovation et l'accélération de tout moyen permettant de produire de l'énergie non carbonée, comme le solaire, l’hydraulique et l’éolien. Le défi s'annonce d'autant plus titanesque que nos besoins en courant vont croître considérablement au gré de l'électrification de la société qui s'accélère. Les experts estiment qu'il nous faudra doubler la production d’énergie électrique indigène d’ici à 2050 pour aspirer à l'indépendance énergétique. Pour y parvenir, il faudra s'atteler sans tarder à l'accélération des procédures. La balle est dans le camp du Parlement. Les Chambres fédérales ont déjà donné une impulsion en soutenant des décisions allant dans le sens du solaire et de l'éolien. Il s'agit désormais de passer la surmultipliée! 

Écrit par :

Jean-François Krähenbühl

Chargé de communication

Contact

Raphaël Thiébaud

Responsable du dossier "Développement durable"