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L'économie de gauche, c'est possible, mais pas souhaitable

    
En rappelant au printemps dernier que «les socialistes ont pour objectif à long terme de démocratiser l'économie, et donc de profondément changer les fondements du système économique», le député Samuel Bendahan a relancé un climat de lutte des classes qui semblait pourtant bien oublié depuis la chute du Mur de Berlin. En déposant un postulat demandant un meilleur soutien à l'économie "réelle" (sans définir exactement ce que sont les entreprises "non réelles" dans notre canton), il veut surtout développer un système à la française, composé de quelques aides et d'une multitude de contraintes supplémentaires.
L'économie suisse en général, et vaudoise en particulier, n'a rien à gagner à prendre un tel chemin. Elle doit son succès à sa diversité, à sa souplesse et à son savoir-faire. Il faut lui laisser la bride aussi lâche que possible pour qu'elle puisse justement exprimer son dynamisme et ses compétences. Même si la concurrence est toujours plus vive, notamment sur les marchés extérieurs, les opportunités sont là et il faut laisser la créativité s'exprimer.
Il convient également de se défaire de cette idée reçue selon laquelle la promotion économique ne s'adresse qu'aux grandes et riches sociétés. Comme les débats en commission l'ont montré, 80 % des exonérations fiscales accordées ces dernières années l'ont été à des PME. En 2012, 175 entreprises, occupant 2'128 collaborateurs, ont bénéficié de soutien pour un montant global de 7,2 millions de francs. Cela correspond à une moyenne de 12 emplois par entreprise, soit des PME. En se limitant à des montants de l'ordre de 50'000 francs, les aides LADE (loi sur l'appui au développement économique) sont clairement prévues pour ce type d'entreprise.
La mise en place d'un fonds de soutien à l'industrie vaudoise doit permettre de favoriser son développement et non pas de résoudre les problèmes de trésorerie des entreprises. C'est aux banques de jouer ce rôle. Si elles ne le font pas, c'est en raison des risques encourus et souvent de l'extrême difficulté à pouvoir identifier l'origine structurelle ou conjoncturelle des problèmes. L'Etat ne doit ni obliger les banques à prendre des risques, ni se substituer à elles. L'indépendance du secteur bancaire est primordiale pour la santé de notre économie. Guy-Philippe Bolay
(Pour LeJournal CVCI n° 42 - septembre 2013)