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Non à la caisse-maladie unique

    
La création d'une caisse unique d'assurance maladie n'aurait aucun impact sur les coûts de la santé. Ni les promoteurs de cette initiative, sur laquelle nous votons le 28 septembre prochain, ni les fournisseurs de soins ne le contestent. La forte progression des dépenses liées à la santé s'explique avant tout par des facteurs structurels. Les traitements s'améliorent constamment, à tel point que le cancer devient souvent une maladie chronique. Les séjours hospitaliers raccourcissent, mais leurs coûts s'élèvent. L'espérance de vie s'allonge et nous consommons donc des soins plus longtemps. 
Qu'apporterait la caisse unique en termes d'économies ? Rappelons que les 61 caisses-maladie actives dans le pays affichent un taux de dépenses administratives de l'ordre de 5 %, soit près de la moitié moins que celui de la Suva (assurance-accident) ou celui de l'assurance chômage, un monopole. Sur 100 francs de primes payées, 95 francs vont donc à la santé. Un assureur étatique unique géant ne permettrait en rien de garantir une plus grande efficacité. 
Il est en revanche certain – une étude l'a démontré – que la création d'une caisse unique engendrerait des charges de l'ordre de 1,5 à 2 milliards. Le processus s'étalerait sur dix ans et entraînerait des milliers de suppressions d'emplois sur les 12'000 aujourd'hui recensés par les assureurs privés. Il faudrait donc plus d'une décennie pour s'y retrouver financièrement… en supposant que la caisse unique soit plus efficace que les assureurs privés.
Rien n'est pourtant moins sûr! Le système actuel de concurrence entre caisses pousse ces dernières à procéder à de stricts contrôles des factures. Chaque assureur a tout intérêt à être le plus performant possible pour retenir ses clients. 
Quelles seront les incitations d'un assureur unique ? N'oublions pas que les prestataires de soins seraient représentés dans les instances dirigeantes de la caisse étatique, au même titre que les assurés, la Confédération et les cantons. Conflits d'intérêt et interminables marchandages l'emporteraient sur une saine gestion de l'assurance.
Vaut-il la peine d'abandonner le libre choix de sa caisse et de se voir imposer une prime unique cantonale pour un résultat aussi aléatoire? N'oublions pas que la Suisse figure régulièrement aux premiers rangs dans les classements internationaux des systèmes de santé. Le nôtre est sans aucun doute perfectible, du côté des assurances, en particulier en termes de compensation des risques et de transparence. Mais passer d'un système privé, qui garantit l'une des meilleures prestations de soins au monde, au "tout à l'Etat" relève du plus pur choix idéologique. Il ne trouve aucune justification économique et n'apporterait aucune amélioration aux assurés, loin s'en faut. NON à un monstre bureaucratique !
Claudine Amstein
Directrice de la CVCI
(Pour LeJournal CVCI n° 52 - août 2014)
Contact

Raphaël Thiébaud

Responsable du dossier "Développement durable"