Entre la démission de la négociatrice Livia Leu, le flou régnant avant les élections fédérales et les pro-UE qui se chamaillent à propos du lancement d'une initiative, la question européenne reste en rade à Berne. Pendant ce temps, les accords bilatéraux s'étiolent. Sale temps pour l'ouverture.
Le journal «Le Temps» s'en est fait l'écho cette semaine: les pro-Européens se déchirent sur l’opportunité de lancer une initiative pour favoriser la conclusion d’un accord-cadre institutionnel avec Bruxelles. Ambiance. Faut-il y aller ou attendre encore un signal fort des sept Sages? Quand on connaît la lenteur du processus législatif en Suisse, on peut légitimement douter qu'une initiative soit une solution appropriée.
A la décharge des pro-UE, il faut bien avouer que la politique plus qu'attentiste du Conseil fédéral dans ce dossier depuis l'abandon du projet d'accord-cadre en mai 2021 fait le lit de toutes sortes d'interprétations et de scénarios. L'annonce récente de la démission de Livia Leu, négociatrice en chef avec l'UE, renforce encore davantage l'incompréhension. Dans la foulée, on a appris que la Suisse avait demandé un délai supplémentaire à Bruxelles échéant à fin octobre pour conclure la phase exploratoire qui conduira à un éventuel mandat de négociation. Le message est clair: Berne n'entreprendra rien de concret avant les élections fédérales de cet automne. Bruxelles, Bruxelles, Bruxelles, morne plaine…
Les vents semblent cependant favorables à un rapprochement avec les 27. Fin 2022, un sondage réalisé à l'occasion de la commémoration des 30 ans du vote sur l'EEE révélait que 71% des Suisses accepteraient un accord de ce type. La population aurait-elle conscience de la nécessité de réactiver ce dossier vital pour notre économie? Car il faut rappeler que le rejet de l'accord-cadre met en danger toute une série d'accords bilatéraux qui, sans réactualisation, vont tous tomber les uns après les autres, contraignant les entreprises à des démarches coûteuses et fastidieuses pour demeurer dans le marché européen. Des questions urgentes restent en outre à régler par de nouveaux accords, comme notre approvisionnement en électricité ou encore la pénurie de médicaments.
Pendant ce temps, le Conseil fédéral multiplie les approches bilatérales avec d’autres contrées histoire de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. C'est cohérent, certes, mais il ne doit pas oublier que l'UE reste – et de loin – notre premier marché d'exportation. Au vu des incertitudes géopolitiques, conjoncturelles et structurelles qui planent au-dessus de notre économie, il serait bien inspiré de presser le pas et de le franchir en posant rapidement les bases d'un accord qui, dans le fond, n’a rien d’insurmontable.
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