Si la liste des dépenses éventuelles à venir s’allonge encore, maintenir à flots les finances publiques deviendra aussi périlleux que de stabiliser «Le Simplon» le long des rives de Cully… Commençons par la suite logique des décisions populaires. La 13e rente AVS, voulue par la majorité, coûtera 5 milliards de francs. Eh oui: il faudra bien la financer, n'en déplaise aux distraits à qui ce «détail» comptable avait échappé… Et déjà point à l'horizon une 13e pour l’AI pour pas loin de 500 millions. Quant à l’initiative sur les primes-maladie, elle pourrait coûter au bas mot 3,5 à 5 milliards supplémentaires à la Confédération et aux cantons si elle passe la rampe populaire. Et n'oublions pas les réflexions sur le 2e pilier et la réforme fiscale en faveur des couples mariés, qui saleront encore l'addition. Ou l'addiction, c'est selon… Pour la bonne bouche, évoquons enfin le budget de l’armée, qui décolle aussi sûrement qu'un F-35 dans un contexte géopolitique pour le moins déstabilisant.
Face à cette déferlante de coûts potentiels, Karin Keller-Sutter, responsable des finances fédérales, s'érige en gardienne de comptes où le rouge et l’endettement ne constituent pas une option. Pour la conseillère fédérale, la Suisse n'a pas un problème de recettes, mais bien de dépenses. Cette circonspection toute bernoise est de nature à nous rassurer lorsque l'on observe la fuite en avant budgétaire de nos voisins français, dont la dette nette des administrations publiques s’élève à près de 3000 milliards. Un vrai paradoxe dans un pays où les prélèvements obligatoires sont une seconde nature.
Ce contexte comptable devient franchement kafkaïen si l'on jette un œil à nos voisins genevois qui, en dépit d'une dette de 10,6 milliards et à la faveur de comptes 2023 surprenamment excédentaires, vont proposer une baisse d’impôt aux contribuables, accompagnée d’une mesure de gratuité des transports publics pour les moins de 25 ans. Rendre à la population une partie de cet exercice favorable a de quoi rendre jaloux les Vaudois, eux qui n'ont rien vu des excédents accumulés par le Conseil d'Etat depuis une bonne dizaine d'années…
Mais Kafka ne s'arrête pas en si bon chemin… car les Vaudois doivent aujourd'hui faire face à un compte «déficitaire», une première depuis dix-huit ans! En dépit d'une dette se situant en dessous du milliard, les édiles perdent leur sang-froid et s'indignent d'une mini-baisse d'impôt annoncée du bout des lèvres l'an dernier. Pourtant, en plein crise du pouvoir d’achat, Vaud devrait se faire un point d'honneur à redonner aux contribuables et aux entrepreneurs le fruit de leur sacrifice au lieu de continuer à prélever à tout-va. Car le problème est identifié: les dépenses gonflent démesurément malgré une progression notable des recettes.
Quoi qu'il en soit, et à défaut «de quoi qu'il en coûte», le dernier mot reviendra aux Vaudoises et aux Vaudois lorsque l'initiative «Baisse d’impôt pour tous» sera soumise au verdict populaire…
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Durant de longues années, le Parlement n'a pas su prévoir les conséquences de la démographie, a ignoré les répercussions hausses successives de l'assurance maladie et des charges sur le porte-monnaie des ménages ou encore refusé de réviser l'AVS, etc... ceci le plus souvent en attribuant cette frilosité aux raisons économiques, pour maintenir concurrentielle notre économie, aux priorités qui étaient ailleurs...
Le retour du bâton vient du Peuple qui, dans sa majorité, s'est senti abandonné par nos élus ceci alors que le besoin devenu réel d'un rééquilibrage, d'une prise en compte du fait qu'il n'est pas possible d'accorder des milliards de crédit aux banques qui font n'importe quoi, de distribuer d'autres milliards à la pharma, etc...
Aujourd'hui, le besoin de financer l'AVS, l'AI, voire les dépenses militaires ou encore d'alléger la charge fiscale de la classe moyenne est une nécessité et comment faut-il envisager le financement de nos dépenses supplémentaires ?
Je n'ai pas la solution ou plutôt les solutions, ce serait pétentieux ! mais ce qui est certain c'est qu'il faut dépasser les dogmes, ne pas céder aux pressions des lobbys, des partis et des intérêts personnels et se mettre au travail pour rechercher de nouvelles sources de financement ainsi que sur les économies possibles.
Il ne sert à rien de dire là où l'on ne doit pas prélever ou épargner mais de se concentrer et travailler sur ce qui peut et doit être fait !
Le pragmatisme et la sagesse doivent l'emporter, pour le bien du plus grand nombre et plus de celui de quelques privilégiés qui ont déjà largement profité de notre inaction.
Rattrapons le temps perdu avant que la situation ne s'aggrave et demande des sacrifices bien plus conséquents.