L'Etat a pris la main pendant la pandémie, à juste titre. Croire en la toute-puissance étatique serait toutefois une erreur: l'économie, qui n'attend que de redémarrer, joue un rôle central dans la production de richesses qui profitent à chacun, y compris aux grands argentiers. Les résultats des dernières votations ne doivent pas nous le faire oublier.
Le constat est peu reluisant pour la Suisse romande: le Conseil fédéral a perdu sur deux objets et n'en a remporté qu'un seul, sans gloire, lors du scrutin fédéral du 7 mars. Ces résultats mettent en lumière une région méfiante à plus d’un titre. Ils se calquent moins sur le traditionnel axe gauche-droite que sur celui de la défiance.
Méfiance à l'égard du gouvernement tout d’abord. La lassitude vis-à-vis du Covid-19 et de ses mesures n’y est probablement pas étrangère. Défiance de la mondialisation ensuite. Bien qu’encadré de conditions strictes sur le point délicat de l’huile de palme, l’accord de libre-échange avec l’Indonésie ne s’est pourtant résumé qu’à l’huile durant la campagne. L'ouverture vers un marché prometteur, qui permet d'entrevoir des débouchés intéressants pour nos entreprises exportatrices, n'a pas pesé lourd dans la balance… commerciale de côté-ci de la Sarine. Nos voisins alémaniques y ont été plus sensibles, et on ne peut que s'en féliciter.
Par ailleurs, la crainte d’entreprises privées, pourtant encadrées par la Confédération, a eu raison du projet d'e-ID, désormais renvoyé à plus tard. Le canton de Vaud s'est même distingué, si l'on ose dire, en rejetant cet objet par 70% des suffrages exprimés. La crainte de la technologie, enfin, a elle aussi joué. Un rien paradoxal pour une population qui ne craint pas de laisser ses données sur la Toile via les réseaux sociaux et le commerce en ligne… Last but not least, dans le prolongement des minarets, la burqa a connu un sort similaire.
C'est un fait: la méfiance vis-à-vis de la globalisation, la place toujours plus grande que prend la protection de l'environnement et la croyance en l'étatisme doivent nous interpeller à l’heure où la Suisse s'apprête à se prononcer sur des sujets aussi importants que nos relations avec notre voisin européen ou d’autres accords de libre-échange ouvrant sur de grands marchés. Au moment de glisser leurs bulletins dans l'urne, nos concitoyens devront se rappeler de ce qui a fait la richesse de notre pays et de la nécessité d’une ouverture vers l’extérieur pour notre économie, une politique qui n'a cessé de contribuer à l'élévation de notre niveau de vie. Il faudra aussi se souvenir d’où nous venons et quelle était notre situation dans les années 1990… Si, selon l’expression, «la défiance est la mère de la sûreté», n'oublions pas non plus celle qui dit que «l’on est plus souvent dupé par la méfiance que par la confiance».
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