Les discussions exploratoires menées par la Suisse et l’Union européenne portent leurs fruits: Berne prévoit un mandat de négociation avant la fin de l'année. Une bonne nouvelle qui est entachée par l'attitude bravache des syndicats. L'heure est pourtant à l'union sacrée.
Ce n'est un secret que pour ceux qui jouent à l'autruche: l'économie suisse a besoin d'entretenir des relations stables et de disposer d'un cadre juridique sûr avec l'Union européenne. Dans ce contexte, et après moult tergiversations, il faut se réjouir que le Conseil fédéral vienne de reprendre le dossier bruxellois par le bon bout en prévoyant un mandat de négociation avant la fin de l'année. Formellement, les discussions techniques entre Berne et Bruxelles sur un nouveau paquet d'accords sont donc terminées.
De nombreuses réunions ont eu lieu à haut niveau depuis des mois, portant sur des nouveaux accords dans les domaines de l'électricité, de la sécurité alimentaire et de la santé, la participation aux programmes de l'UE, notamment celui de la recherche, Horizon Europe, gelé depuis 2021. Les discussions avec les cantons, les partenaires sociaux et les milieux économiques se sont également poursuivies, en particulier sur la libre circulation des personnes, la protection des salaires des travailleurs détachés et les aides d'Etats. Une large partie de ces questions a pu être clarifiée comme le fait que le service public reste en dehors du périmètre des négociations.
Posture irresponsable
Alors qu'une lumière point au bout d'un tunnel obstrué depuis mai 2021 à cause du rejet de l'accord-cadre, les syndicats, avec Pierre-Yves Maillard, président de l'USS en tête, ont bravé l’embargo de la communication du Conseil fédéral, en fustigeant un contenu qui, rappelons-le, doit précisément faire l’objet de négociations. Les syndicats s'opposent aux premiers résultats de ces discussions, dénonçant une «libéralisation» du modèle suisse sur la protection des salaires et le service public.
Disons-le clairement: la posture des syndicats est irresponsable. L'UE reste notre premier partenaire commercial. Sans un nouvel accord avec Bruxelles, quantité d'accords bilatéraux sont menacés. Les medtech sont déjà en souffrance, alors qu'à fin 2026, c'est le secteur de la machine-outil qui est menacé par une fin de la reconnaissance mutuelle. A terme, nos entreprises seront contraintes d'investir davantage à l’étranger et d'y développer des emplois au détriment de notre place économique. Figés dans leurs dogmes, les syndicats sont-ils prêts à sacrifier notre compétitivité, à faire perdre des places de travail à notre pays?
Ces divergences entre économie et syndicats affaiblissent clairement la position suisse face à Bruxelles. Pour espérer une issue favorable devant le peuple, parler d’une seule voix sera indispensable.
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