Restaurer la confiance des acteurs économiques n’est guère aisé en ces temps de pandémie mondiale. Cela passe notamment par une extension des réductions d’horaire de travail, instrument qui a largement fait ses preuves ces dernières années.
Le Baromètre de l’emploi au 1er trimestre 2020, publié hier par l’Office fédéral de la statistique (OFS), indique que le nombre de places de travail a reculé de 0,1% par rapport au trimestre précédent. Une baisse infime. Mais cela, c’était avant que le Covid-19 déferle sur la planète. Calculé sur la base de ces données, l’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi n’avait plus été aussi bas depuis le 3e trimestre 2009, poursuit l’OFS. Les perspectives sont particulièrement pessimistes dans l’industrie (–7,5%), dans l’hébergement et la restauration (–12,0%).
Ces chiffres ne vont pas contribuer à redonner confiance aux acteurs de l’économie au moment où le redémarrage des activités est encore plombé par moult incertitudes. La pandémie a poussé d’innombrables entreprises à demander des réductions d’horaire de travail (RHT). Plus de 1,5 million d’actifs en bénéficient aujourd’hui. Actuellement limité à 12 indemnités mensuelles (en 24 mois), ce régime fait craindre à certains secteurs que cette durée ne soit pas assez longue pour garantir le maintien des postes de travail. En première ligne figurent l’hôtellerie, le tourisme, l’horlogerie et l’industrie des machines. Swissmem, faîtière des entreprises de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux, a averti hier que les entrées de commandes dans le secteur risquaient de s’effondrer.
Extension indispensable
Dans ce contexte urgent, une extension de la durée de l’indemnisation des RHT à 18, voire à 24 mois, me paraît indispensable vu le caractère particulier et exceptionnel de la crise actuelle. Notre tissu économique dépend souvent de sous-traitants et de matériel provenant de l’étranger. Or, aujourd’hui, de nombreux clients annulent des achats en cours. La prospection, donc la perspective de garnir les carnets de commandes, reste difficile, et pour ne rien arranger, le franc reste fort. De plus, la relance des chaînes de productions mondiales prendra du temps. Etendre les indemnités mensuelles permettrait à de nombreuses entreprises de maintenir, dans la mesure du possible, leurs effectifs en dépit des perspectives économiques préoccupantes qui se dessinent. Conserver des compétences au lieu de licencier constitue un pas important vers la restauration de la confiance.
Une telle prolongation ne constituerait d’ailleurs pas une première: la Confédération y a eu recours en 2009 après la crise des «subprimes», et en 2016 lors de celle du franc fort. Cet instrument conjoncturel a fait ses preuves. Le Conseil fédéral devrait se pencher sur cette question dans le courant du mois de juin. Différentes démarches ont déjà été entreprises par des organisations économiques nationales auprès de Berne, ce que la CVCI salue. Celle-ci ne manquera pas d’apporter sa contribution à ce nécessaire travail de lobbyisme.
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