La crise fût soudaine, inédite et multisectorielle. L’affronter a représenté un défi pour l’ensemble du tissu économique. Quant aux start-up et scale-up, presque toutes impactées négativement dans leurs activités, en particulier au niveau de leurs levées de fonds, elles n’étaient pas mieux armées que les autres à l’heure d’entamer ce combat. D’autant plus que la plupart d’entre-elles ne pouvaient pas prétendre aux mesures de crédits pensées pour les PME et calculées sur la base du chiffre d’affaires. Dès mars, la CVCI et la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) ont bataillé au plan fédéral et cantonal afin qu’une forme de soutien soit imaginée à leur intention, selon des conditions d’octroi spécifiques. Après avoir annoncé une mesure de soutien cantonale aux start-up, le Canton de Vaud a finalement abandonné cette dernière et fait le choix de rejoindre le plan fédéral, profitant ainsi de l’effet de levier induit par la garantie de la Confédération.
Un impact très lourd
Sur le terrain, force est de constater que seules une minorité de start-up ont réussi à lever des fonds ce printemps. Elles sont également rares à avoir vu leur activité augmenter, à l’exception de certaines plateformes digitales sur lesquelles la crise a agi comme un accélérateur d’affaires. On peut évoquer Monito.com par exemple, comparateur de services de transfert d’argent à l’international. Certaines start-up, bien qu’impactées positivement, ont également pu avoir des soucis de cash, liés aux frais supplémentaires qu’impliquait la situation en termes de ressources humaines et d’infrastructure.
Mais pour comprendre les difficultés qu’ont traversées - et traversent encore - la grande majorité des start-up et scale-up suisses, il suffit d’observer un chiffre : celui des levées de fonds. Si l’on compare le premier trimestre 2020 au premier trimestre 2019, on passe de 658,7 millions à 254 millions francs. En déduisant les deux méga-rondes qui font gonfler les résultats début 2019, on constate quand même une baisse d’environ 30% des investissements! Un autre souci réside dans les conséquences de cette baisse à long terme. On peut estimer qu’un potentiel de 2000 à 3000 emplois à forte valeur ajoutée est en péril.
Des crédits spécifiques
La mise en place des « crédits de transition », couverts à 65% par la Confédération et 35% par les cantons, est heureusement devenue réalité suite à la décision fédérale du 22 avril. De quoi soutenir les jeunes pousses helvétiques à hauteur de 154 millions de francs. Plus de 130 start-up et scale-up impactées par la crise ont à ce jour déposé une demande dans le canton de Vaud, pour un total de 42 millions de prêts. En sachant que chacun de ces derniers s’élève au maximum à 1 millions de francs.
Le SPEI, la FIT et Innovaud sont en charge d’analyser les dossiers de demandes vaudois. Mi-juillet, deux tiers d’entre eux ont pu être évalués - dont 69 validés - par l’équipe d’une quinzaine d’experts constituée. La FIT, dont je suis le secrétaire général, a été sollicitée par le Canton de par sa longue et précieuse expérience et sa connaissance préalable de l’écosystème start-up vaudois. Notre métier de base est en effet d’attribuer des prêts aux jeunes pousses, et ça depuis près de vingt-cinq ans.
Un processus en cours
Afin d’aider un maximum de start-up, le Canton de Vaud a fait le choix (contrairement à d’autres) de ne pas durcir les critères d’éligibilité fixés par la Confédération. Mais il faut savoir que le traitement des dossiers par « l’entité cantonale de sélection » que nous constituons n’est que la première étape du processus. Une fois la caution octroyée par Cautionnement romand, les start-up doivent approcher une banque et signer avec elle un contrat de prêt. Toutes les banques ne proposant pas forcément les mêmes conditions, les start-up sont possiblement amenées à faire jouer la concurrence.
Mi-juillet, 39 prêts « start-up » ont été annoncés comme signés, dont 19 dans le canton de Vaud, qui a été le premier canton – avec Neuchâtel - à mettre en place un processus de traitement des demandes de cautionnement. Pour cela, il s’est doté d’une plateforme informatique dédiée, développée en une quinzaine de jours. Les demandes de start-up pouvant être déposées jusqu’à fin août (ici), les décisions quant à l’octroi devraient nous occuper encore jusqu’à fin septembre.
L’avenir nous dira si les soutiens mis en place ont été suffisants, mais il faudra également se souvenir des circonstances, tout à fait inédites. Afin que notre région demeure attractive à moyen et long terme, c’est sur des conditions-cadres plus favorables à l’installation des start-up et scale-up que le Canton doit maintenant plancher. L’innovation et les terrains sur lesquels elle se déploie bougent vite, ne perdons pas notre place.
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