Le canton de Vaud a communiqué hier sa stratégie relative à la gestion du risque de pénurie d’énergie qui menace cet hiver. Dans l’attente empressée de lignes directrices claires de la part de la Confédération, il encourage les entreprises, la population et les communes à réduire leur consommation énergétique. On ne saurait mieux dire. L’attentisme du Conseil fédéral face à l’urgence irrite les cantons, qui ont exprimé leur agacement la semaine dernière de manière assez vive. Hier, c’était au tour du Parlement fédéral, dont les membres ont eux aussi critiqué la passivité fédérale en la matière. A juste titre.
Dans un contexte incertain où les risques de contingentement, voire de délestage, sont plausibles, la plupart des entrepreneurs n’ont pas attendu pour prendre des mesures en vue d’économiser l’énergie, car le potentiel est réel. Cela passe par la réduction du chauffage à certains endroits, la suppression de tout éclairage superflu, le paramétrage et la régulation plus optimale des installations électriques, le remplacement des éclairages non-LED, etc. Chaque KWh économisé pourra être utilisé plus tard quand on en aura besoin. Les entreprises peuvent aussi appliquer sans tarder les recommandations d’économies d’énergie de la Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie.
Songer aux plans de continuité
Au-delà des mesures d’économie qu’elles peuvent déjà prendre, les entreprises doivent en outre se préparer à différents scénarios, car une fois que la Confédération aura pris des ordonnances sur la base du plan OSTRAL, elles ne disposeront que de quelques jours pour s’exécuter. Elles ont donc tout intérêt à disposer de plans de continuité le moment venu, réalisés à l’aide de leurs spécialistes en énergie, de leurs distributeurs ou de bureaux externes.
La probabilité que l’on n’ait pas assez de courant pour faire face à la consommation est très élevée. Cela dépendra du nombre de centrales nucléaires françaises opérationnelles, de la pluie qui tombera cet hiver pour remplir les barrages et de la température qu’il fera. Le délestage implique pratiquement un arrêt complet de l’économie. Techniquement, de plus, l’exercice est périlleux car il pourrait déstabiliser le réseau et rendre le redémarrage délicat, avec le risque que survienne un blackout, qui serait pire que tout. Il faut donc tout faire pour réaliser des économies maintenant. L’Etat, quant à lui, doit songer à envisager la mise en œuvre de RHT et de prêts remboursables sur le modèle de la crise du Covid, notamment pour épauler les PME, les grandes oubliées du débat.
A la problématique de pénurie s’ajoute celle de l’explosion des prix de l’électricité. Nombre de grands consommateurs doivent faire face à des augmentations qui mettent en péril la pérennité de leur activité. On le sait, revenir sur le marché régulé leur est interdit par la loi. Il leur faut trouver urgemment des solutions par le biais de discussions avec les fournisseurs d’énergie, voire avec les pouvoirs publics.
Passé cet hiver de tous les dangers, il faudra tout faire pour qu’une telle situation ne se reproduise pas. Il s’agira de consommer moins, mais mieux, ce qui implique le recours étendu aux énergies renouvelables et de développer enfin l’efficience énergétique, comme le prévoit la Stratégie énergétique 2050. L’heure est plus que jamais à une vraie prise de conscience et à une révolution des mentalités.
Ecoutez l’interview de Philippe Miauton de ce matin sur La Première