Le trafic marchandises est trop souvent le parent pauvre de la politique des transports en Suisse. Il y a pourtant nécessité de remédier rapidement à cette situation, car la Suisse perd du terrain par rapport aux autres pays, montre une étude publiée mi-février par l'Association suisse des transports routiers (ASTAG), l'Association des transporteurs de marchandises sur le rail (VAP), Air Cargo et l'Association suisse de navigation et d'économie portuaire (SVS), sous l'égide d'economiesuisse.
Le secteur du transport de marchandises représente 229'000 emplois, soit 4,7 % des actifs occupés (chiffres 2013), des effectifs comparables à ceux de l'hôtellerie-restauration ou du secteur financier. La branche a dégagé 25,2 milliards de francs de valeur ajoutée brute en 2013, 4,1 % du produit intérieur brut (PIB). A l'intérieur du pays, le trafic de marchandises passe à 70 % par la route et à 30 % par le rail (exportations : 77 % des volumes par la route).
La situation se dégrade rapidement pour la branche. Le Rapport mondial sur la compétitivité du Forum économique mondial (WEF) montre une baisse de la qualité des infrastructures depuis 2008. Quant à l'indice de performance logistique de la Banque mondiale, il est encore plus sévère envers notre pays, désormais classé à la 14e place, alors qu'il était 7e en 2007.
Comment remédier à cette situation ? Le développement des infrastructures routières est bien sûr nécessaire. A ce titre, l'intégration du contournement de Morges dans le message du Conseil fédéral sur le fonds d'infrastructures routier (FORTA) est à saluer. Mais les organisations concernées formulent aussi plusieurs autres recommandations. La tarification du trafic poids lourds devrait par exemple être optimisée, en différenciant la taxe sur la redevance poids lourds (RPLP) en fonction de l'heure à laquelle les camions circulent.
Autre mesure : permettre aux transporteurs de rouler dès 4 heures du matin (au lieu de 5 heures), comme c'était le cas jusqu'en 1997. Une légère hausse de la vitesse autorisée pour les camions, à 90 km/h, améliorerait la fluidité. La création de voies de dépassement nouvelles devrait également être planifiée.
Côté rail, les entreprises demandent une compensation pour les retards de livraisons de marchandises subis à cause du trafic voyageurs, par exemple via des bonus-malus. Pour l'aérien, il faut surtout préserver les capacités de développement des aéroports, et surtout celui de Zurich.
Philippe Gumy