L’actuelle loi date de plus de 30 ans. Le projet mis en consultation vise donc à adapter le cadre législatif à l’évolution des missions de l’orientation professionnelle et aux importantes évolutions qu'a connues la société et l'économie ces trente dernières années.
La CVCI considère que, dans le cadre de la révision complète de la loi vaudoise sur l'orientation, une attention particulière doit être portée à l'insertion professionnelle et plus particulièrement à la transition entre l'école obligatoire et le monde professionnelle (T1). A ce propos, la CVCI observe une dégradation progressive de la situation des jeunes adultes de 18 à 25 ans, comme en témoigne l’augmentation du nombre d’entre eux qui émargent à l’aide sociale. L’absence de formation professionnelle est l’un des facteurs déterminants qui explique l’augmentation du nombre de jeunes bénéficiaires du revenu d’insertion (RI). Le deuxième indicateur qui inquiète la CVCI est la part des jeunes qui commencent un apprentissage immédiatement après la sortie de l’école obligatoire. Cette part a, en trente ans, enregistré une diminution spectaculaire dans le canton de Vaud. Si un jeune sur deux débutait un apprentissage à la sortie de l’école dans les années huitante, ils ne sont plus qu’un quart en 2014. Cette situation est encore plus alarmante dans les grands centres urbains du canton en particulier la région lausannoise où ce taux se rapproche de 5 %.
Malgré le travail de qualité, souvent indispensable, effectué dans les multiples structures de transition existantes, la CVCI estime qu’une optimisation du système est possible et indispensable. Un élève sur cinq à l’issue de la scolarité obligatoire poursuit directement sa formation dans une filière de transition, le plus souvent au sein de l’Organisme de perfectionnement scolaire, de transition et d’insertion (OPTI). Cette situation n'est certes pas nouvelle, puisqu'elle date de la création de l'OPTI en 2004, mais elle n'est clairement pas satisfaisante. La CVCI ne conteste pas la nécessité d'une offre de transition. Cependant, cette année de transition ne doit pas devenir la norme et tout doit être mis en œuvre pour l'éviter lorsque c'est possible. La possibilité, largement offerte, d’effectuer une 11ème année ne résout pas les problèmes. En effet, les jeunes bénéficiant d’une prolongation de leur scolarité alimentent soit la course aux apprentissages socialement valorisés, déjà saturés, soit entreront en compétition avec les élèves ayant effectué une scolarité normale. Lorsqu’un employeur a le choix, il préfère certainement un jeune un peu plus mûr, un peu mieux formé. Finalement, la 11ème année tend ainsi à se généraliser.
En conséquence, nous regrettons l'absence complète de volonté, dans les documents mis en consultation, de mettre un frein à l’expansion des mesures de la T1 ou tout du moins d'optimiser le système afin de diriger mieux et plus rapidement les jeunes gens vers l’apprentissage.
Plusieurs pistes devraient donc, selon la CVCI, être explorées afin de pouvoir concentrer les efforts et les moyens de la T1 sur le public cible des élèves à risque avec de réelles difficultés d'insertion. Il est en particulier nécessaire de revoir le processus et les conditions d'accès de l'OPTI. Selon nous, les élèves issus de la 11ème année avec un niveau scolaire équivalent à l'ancienne VSG (qui représentent environ 25 % des effectifs de l’OPTI) ne devraient, en principe, pas être admis dans cette dernière. On notera également que parmi les jeunes admis à l'OPTI, plus d’un tiers n'ont fait aucune postulation pour rechercher un apprentissage et plus d’un cinquième d’entre eux n'en ont rédigé que quelques-unes (entre une et cinq).
La CVCI estime, en conséquence, que le projet de loi sur l'orientation professionnelle n'est pas à la hauteur des enjeux. Il se contente de donner une base légale aux pratiques actuelles de l'Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle (OCOSP) sans regard critique sur les dysfonctionnements du système et en particulier au niveau de la T1 - Transition entre l'école obligatoire et le monde professionnelle. Nous avons donc demandé une réorientation politique claire visant à optimiser et améliorer le processus de la T1 et une réduction du nombre de places disponibles au sein de l’OPTI. En parallèle, un renforcement de l’action de l'orientation permettant de diriger davantage de jeunes gens vers l’apprentissage, directement au sortir de l’école obligatoire, avec au besoin un renforcement des aides de coaching individualisé en cours d'apprentissage, est nécessaire.
Julien Guex
Contact
Romaine Nidegger
Responsable du dossier Relations extérieures