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Une Suisse politiquement visionnaire ?

    
"Les entreprises, comme les sportifs, sont constamment à la recherche de performance", a d'emblée rappe-lé Bernard Rüeger, président de la CVCI, dans son allocution introductive. Mais pour atteindre des objectifs élevés, il faut se donner les moyens de ses ambitions, ce qui n'a pas toujours été le cas. Alors que la Suisse connaissait une décennie de puissante croissance économique liée notamment aux accords bilaté-raux passés avec l'Union européenne, nos infrastructures n'ont pas été adaptées, a expliqué en substance Bernard Rüeger, qui voit dans cette négligence l'un des éléments fondamentaux de l'acceptation de l'initia-tive UDC le 9 février dernier. Le programme autoroutier de 1700 kilomètres dessiné en 1960 n'est pas en-core achevé un demi-siècle plus tard. Et l'on met encore trois heures pour relier en train Genève à Zurich (300 kilomètres), alors qu'il ne faut que quatre heures pour parcourir les 1200 kilomètres qui séparent Pékin de Shanghai. 
Sans doute les milieux économiques n'ont-ils pas toujours su manifester leur enthousiasme, a reconnu Ber-nard Rüeger. Mais il a aussi appelé les élus à ne pas tout miser sur l'électoralisme et à privilégier à nouveau la voie du consensus. Il y a trop d'«initiatives marketing», a-t-il poursuivi. Salaires minimums à 4000 francs, initiative Ecopop, imposition des successions, interdiction du négoce de denrées alimentaires, dentiste gratuit pour toute la population résidente du canton de Vaud, et la liste n’est pas exhaustive.
Il est indispensable que «tous les milieux concernés et tous les partis tirent à la même corde» pour trouver « une solution simple, rapide et proche des entreprises » en vue de la réintroduction des contingents, a pour sa part déclaré Claudine Amstein, directrice de la CVCI, dans son discours. Elle attend des initiants qu’ils prouvent « qu’ils veulent répondre aux attentes réelles de l’économie d’aujourd’hui et non à celle de grand-papa, et de tenir ainsi leurs promesses de campagne comme de respecter la minorité qui a refusé l’initiative ».
Dans l’immédiat, l’incertitude qu’engendre l’acceptation de cette initiative doit inciter le canton de Vaud à renforcer sa promotion économique. Il faut « redoubler d’activité à l’étranger, non pas pour aboutir à tout prix à des implantations à court terme, mais pour rester dans le radar des sociétés internationales ». Il s’agit également de ne pas laisser la voie libre aux pays concurrents.

Parallèlement à cet effort, le canton de Vaud doit aller de l’avant avec sa réforme de l’imposition des entre-prises. Claudine Amstein a salué l’annonce, au début du printemps, de la feuille de route du Conseil d’Etat, qui souhaite en venir à un taux unique d’imposition des bénéfices de 13,8 %, un taux qui correspond à la moitié de ce que paient actuellement les entreprises ordinaires, mais qui est plusieurs points supérieurs au taux appliqué aux sociétés internationales. 
Avec un bénéfice annuel avant amortissements exceptionnels de plus de 800 millions de francs l’an dernier – un niveau très élevé, qui est la norme depuis plusieurs années – le canton a cependant les moyens de sa politique, a analysé Claudine Amstein. Au cours des dix dernières années, les recettes fiscales de l’impôt sur le bénéfice ont triplé. Elles ont progressé de 4,5 % l’an dernier, malgré une baisse d’un demi-point du taux d’imposition. Cette dynamique devrait se poursuivre, il n’y a donc aucune raison de demander aux entreprises de compenser la future réforme fiscale par le biais d’une hausse des allocations familiales, a observé la directrice de la CVCI.
En délivrant le message du Conseil d’Etat, le chef du Département de l’économie et du sport Philippe Leuba a quant à lui souligné l’importance des entreprises multinationales pour l’économie vaudoise. Les PME lo-cales se nourrissent de ces groupes comme le sport amateur se nourrit du sport professionnel, a-t-il expli-qué. A ce titre, il s’est réjoui que le canton de Vaud abrite une soixantaine de fédérations sportives interna-tionales, donnant à la région une publicité mondiale.

Toujours dans le sport, trois sociétés soutenues par la Fondation pour l’innovation technologique (FIT), dans laquelle la CVCI est active, ont ensuite présenté leurs produits futuristes. Fondateur de Trace Technologies SA, Guillaume Beauverd a dévoilé une balle de golf intelligente. Elle permet d’enregistrer sa trajectoire afin de rendre l’expérience interactive et ludique. 
Tabrasco Group SA développe de son côté des systèmes de mesure physiologique et métrique capables de fonctionner sur des athlètes en mouvement, même pendant les compétition, a expliqué le président de cette société, Xavier Veuthey. Toute la subtilité consiste à trouver des moyens de ne pas gêner les sportifs.

David Guhl, d’AVK Systems SA, a enfin fait rêver l’assemblée avec des procédés permettant de régénérer certains sons - jusqu’ici inaudibles - d’activités sportives filmées. Par exemple, le bruit d’un tir de ballon de foot. Peut-être une nouvelle manière de regarder le sport à la télévision dans un tout proche avenir !
Philippe Gumy et Jacky Lampo
(Pour LeJournal CVCI n° 50 - mai 2014)