Vaud entame la nouvelle législature sereinement. A première vue, il suffit de tenir le cap et de ne rien changer, tant le canton est en pleine forme après une décennie de croissance supérieure à la moyenne suisse. Il dispose d'un marché du travail sain, d'un excellent capital humain, donc d'habitants qualifiés, d'une économie largement diversifiée et relativement innovante, d'un accès rapide à un aéroport international. Tous ces points extrêmement positifs ont été soulignés dans une récente étude présentée début septembre par UBS.
D'un autre côté, le canton présente pourtant un certain nombre de faiblesses qu'il serait imprudent d'écarter d'un simple revers de main. Une analyse sans concessions montre ainsi que Vaud aurait tout intérêt à renforcer l'un ou l'autre centre de compétence, par exemple dans les technologies de l'information et l'électrotechnique, si besoin en passant par-dessus les frontières cantonales. Pourquoi pas ? Le canton a aussi du travail à faire pour rendre son administration plus efficace, de manière à ce qu'elle ne continue pas à s'étendre à un rythme plus élevé que l'économie cantonale. Mais il doit surtout abaisser les impôts sur les entreprises, qui demeurent encore et toujours parmi les plus élevés de Suisse.
Il n'y a aucune contradiction à vouloir abaisser l'imposition des sociétés tout en visant des finances saines ! Une fiscalité attractive évitera des délocalisations et permettra d'attirer chez nous des sociétés en plein développement.
Mais l'argument principal en faveur d'un abaissement de l'impôt sur les bénéfices est beaucoup plus pragmatique : le canton n'aura sans doute pas le choix ! Il faut en effet savoir que l'Union européenne n'entend plus tolérer les statuts fiscaux spéciaux que la Suisse permet actuellement d'accorder aux filiales établies en Suisse de sociétés étrangères qui ne réalisent pas l'essentiel de leurs affaires dans notre pays. Les négociations avec Bruxelles n'en sont qu'à leurs prémices, mais la Suisse a déjà promis d'aller dans le sens d'une solution qui soit internationalement compatible.
Comme une poignée d'autres cantons, dont Genève, Vaud compte de nombreuses sociétés au bénéfice de ces statuts. Des sociétés qui pourraient rapidement choisir de s'exiler si leur niveau d'imposition doublait du jour au lendemain. Ce scénario ne peut pas être a priori exclu si l'Union européenne campait sur ses positions et si le canton n'apportait pas de solutions de rechange.
Vaud ne peut pas prendre ce risque ! Le Conseil d'Etat se doit d'anticiper en élaborant une solution équitable pour toutes les entreprises. Il s'agit là d'une question décisive pour notre place économique !
Claudine Amstein, directrice de la CVCI
(Pour LeJournal CVCI n° 31 - septembre 2012)