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La Suisse doit préserver ses atouts

    
Le canton de Vaud a affiché le 9 février dernier le plus fort refus de Suisse à l'initiative UDC «contre l'immigration de masse». Le résultat est sans appel, à plus de 61 %. Il est la marque d'une reconnaissance envers les avantages qu'apportent le dynamisme du canton, son ouverture, son pôle d'innovation et de recherche de renommée internationale, qui se traduit par une véritable pépinière de start-up. 
Cette confiance dans l'avenir n'a toutefois pas été partagée par une courte majorité du peuple suisse. Les contingents de main-d'œuvre étrangère devront donc être restaurés. Pour nos autorités, le défi lancé par les citoyens est de taille : il s'agit de rendre compatibles des restrictions à la libre circulation avec les traités qui nous lient à l'Union européenne. Nous n'avons pas le choix, nous devons trouver un terrain d'entente avec notre principal partenaire commercial, vers lequel nous écoulons 60 % de nos exportations.
Les initiants doivent désormais faire preuve de responsabilité et appuyer le Conseil fédéral dans une démarche qui s'annonce aussi délicate que complexe. Les vainqueurs du 9 février nous ont assurés durant la campagne qu'il était possible d'introduire un contingentement de la main-d'œuvre étrangère sans asphyxier l'économie ni engendrer davantage de bureaucratie. Il s'agit maintenant de concrétiser ces promesses par des actes. Des actes qui doivent – dans l'esprit confédéral qui est celui de la Suisse – tenir compte de la très forte minorité qui s'est exprimée contre l'initiative, en particulier dans l'Arc lémanique.
Les entreprises s'adapteront, comme elles l'ont toujours fait. Mais elles ont besoin d'un système qui soit le moins lourd possible. Du côté des autorités, il importe surtout d'aller vite dans les discussions. Car l'incertitude est l'un des pires ennemis de la prospérité, et donc de l'emploi.
Dans l'immédiat, il n'est pas inutile de rappeler que la libre circulation des personnes reste en vigueur. L'embauche de frontaliers comme d'autres ressortissants de l'UE demeure possible sans autorisations préalables de l'administration. La réintroduction des contingents nécessitera une nouvelle loi, sur laquelle nous serons consultés, au plus tôt vers la fin de l'année. 
Tout problème trouve généralement une solution… Mais si la Suisse veut faire venir moins d'étrangers, il faudra immanquablement qu'elle donne les moyens à la recherche et à l'innovation de former davantage de talents en Suisse. La formation est l'une des clés de la solution. Ces chantiers multiples s'annoncent toutefois complexes. Ils accapareront nos autorités sur tous les fronts, à Bruxelles et dans les capitales européennes, mais également pour forger des compromis dans notre pays. 
Au final, nous devons cependant souligner que la réintroduction des contingents n'améliorera pas les conditions-cadres des entreprises. Des entreprises qui rivalisent avec une concurrence internationale sans cesse plus vive et qui doivent s'adapter à un franc suisse durablement surévalué.
La votation du 8 mai prochain sur l'introduction d'un salaire minimal à 4000 francs intervient justement dans ce contexte. Avec un tel niveau de rémunération, nous aurions le smic le plus élevé au monde ! Après l'acceptation de l'initiative UDC sur l'immigration, il importe plus que jamais de préserver les atouts essentiels de notre pays. La flexibilité du marché du travail, basée sur le partenariat social, en fait partie. L'initiative intitulée «Pour la protection de salaires équitables» va exactement dans le sens opposé !
Claudine Amstein
Directrice de la CVCI
(Pour LeJournal CVCI n° 47 - février 2014)