Le cleantech a indéniablement le vent en poupe. Mais que se cache-t-il réellement derrière ce terme ? Se limiter à certaines branches, à certains produits ou services dits "durables" serait une erreur. Il faut concevoir une définition bien plus large de ce secteur ! Selon une étude du Centre de recherches conjoncturelles KOF de l'EPFZ, le cleantech englobe tous les produits, services, processus et domaines d'activité qui permettent de ménager les ressources et/ou de réduire les émissions polluantes. Autrement dit, le cleantech est l'affaire de chaque entreprise, quel que soit son domaine d'activité !
Qu'en est-il du cleantech en Suisse ? Notre pays occupe une position de pointe en ce qui concerne le recyclage et l'économie d'énergie et des matières premières. Comme les Etats-Unis, les Pays-Bas ou la Suède, la Suisse ne se distingue toutefois pas par le nombre de brevets cleantech déposés ; sa stratégie en la matière, qui s'avère aujourd'hui payante, consiste avant tout en la reprise et l'application de technologies existantes. Le nombre d'entreprises actives dans le domaine des technologies propres se monte à près de 24 % du total, avec d'assez fortes disparités selon les secteurs. Celui de l'industrie, dont plus de 30 % des entreprises sont engagées dans le cleantech, devance de loin la construction (16 %) et les services (14 %), dont le faible score s'explique par le fait qu'ils utilisent beaucoup moins d'équipements.
En raison de la hausse des prix de l'énergie et de l'augmentation de la demande, il importe que les entreprises continuent à investir dans le domaine, notamment dans l'efficacité énergétique. Car même s'il est difficile d'évaluer le potentiel commercial réel du cleantech, la Confédération estime que la part du gâteau revenant à la Suisse pourrait atteindre quelques dizaines de milliards de francs !
Cela dit, les entreprises actives dans le cleantech nécessitent des investissements élevés, et il est illusoire de vouloir créer artificiellement un domaine dont les spécificités rendent peu réalistes l'éventuel succès d'une politique étatique dirigiste. L'initiative populaire socialiste «De nouveaux emplois grâce aux énergies renouvelables» comporte justement ce risque, c'est pourquoi il faut la refuser.
Si un environnement économique favorable contribue à l'essor du cleantech en Suisse, ainsi qu'à l'exploitation optimale de son potentiel existant, il s'agit avant tout de se concentrer sur le maintien et la mise en place de bonnes conditions-cadres. Par conséquent, et à l'échelle vaudoise, la CVCI se bat non seulement pour des échanges de qualité entre les hautes écoles et les entreprises, un accès aisé aux marchés mondiaux et la possibilité de recruter des spécialistes dans le monde entier. Elle s'engage également en faveur d'une fiscalité attrayante et d'un marché de capitaux ouverts.
Christine Walter-Luz
(Pour LeJournal CVCI n° 30 - août 2012)