La modération des Suisses en matière de finances publiques ne se dément pas. Selon le cinquième moniteur financier d'economiesuisse, réalisé en collaboration avec l'institut de recherche gfs.bern et publié en juillet, 83 % des sondés apportent leur soutien au mécanisme du frein à l'endettement introduit en 2003 dans la Constitution fédérale (graphique 1). Pour la première fois cette année, une majorité des citoyens interrogés (63 %) se prononcent par ailleurs pour une extension de cet instrument aux assurances sociales, donc à l'AVS (graphique 2). Ils n'étaient que 43 % à se prononcer en ce sens en 2011 et 39 % en 2010.
La crise de la dette en zone euro n'est sans doute pas étrangère à ce plébiscite en faveur d'un dispositif qui fait de notre pays une exception parmi les pays occidentaux. Il faut en effet souligner que les 110,5 milliards de francs de dette que la Confédération affichait à la fin 2011 ne correspondaient qu'à 19,6 % du produit intérieur brut (PIB) helvétique. A titre de comparaison, ce taux dépasse les 80 % en France et en Allemagne, et même les 100 % aux Etats-Unis.
Les Suisses souhaitent que cette politique de modération soit poursuivie. Ainsi, dans les tâches dévolues à l'Etat, seule la «formation» réunit une petite majorité (51 %) en faveur d'une hausse des dépenses. Pour la plupart des autres grands postes au budget de la Confédération (transports publics, santé, recherche, culture, sport, aide au développement, entre autres), la plus grande partie des personnes interrogées estiment qu'il faut stabiliser les charges. Trois domaines sont en revanche clairement identifiés comme recelant un potentiel d'économies supplémentaires : le droit d'asile (61 %), l'armée (55 %) et le salaire des fonctionnaires (52 %).
Ces résultats sont en ligne avec le fait qu'une écrasante majorité des sondés (84 %) se prononcent pour une diminution des dépenses lorsque les budgets de la Confédération sont déficitaires. 7 % seulement accepteraient une hausse de la dette en cas de chiffres rouges et 5 % consentiraient à une augmentation des impôts. Pour 2013, le Conseil fédéral s'attend justement à un déficit de l'ordre de 400 millions de francs ainsi qu'à une situation «tendue» pour les finances fédérales au cours des années suivantes.
Le moniteur financier 2012 a été réalisé par le biais d'une enquête auprès de 1000 personnes, dans les trois régions linguistiques, interrogées lors d'une entrevue face à face. Les interviews ont eu lieu entre le 19 avril et le 12 mai dernier. La marge d'erreur est de 3,2 %.
Philippe Gumy
(Pour LeJournal CVCI n° 30 - août 2012)