Contrairement à une idée reçue encore largement répandue, l’engagement d’un travailleur titulaire d’un permis F est une procédure simple et entièrement numérisée. De plus, 84% de ces permis provisoires se transforment en autorisation de séjour de longue durée.
Parmi les objectifs de l'Agenda Intégration Suisse (AIS), programme national mis en place par la Confédération et les cantons, l'intégration durable sur le marché du travail des réfugiés et admis provisoires adultes figure en bonne place. Il reste que de nombreuses entreprises ne sont pas familières des procédures d'embauche de ces profils, pourtant simplifiées depuis 2019. Le processus, 100% électronique, est rapide et sans surcoût pour l'employeur. Une fois le formulaire rempli et envoyé, le nouvel employé bénéficiant d'un permis F peut commencer à travailler le jour même, dans des conditions similaires à celles de ses collègues.
Grand potentiel d'employabilité
Outre les questions de procédure, les freins à l’embauche de personnes admises provisoirement portent sur la durée de leur séjour. Or, dans 84% des cas, les permis F, pourtant appelés provisoires, se transforment en autorisation de séjour de longue durée. Dans le canton de Vaud, 35,9% des permis F exercent une activité lucrative, soit 1018 personnes sur 3089 personnes en âge de travailler (chiffres de 2023). Selon les estimations des cantons, 87% des personnes admises à titre provisoire en âge de travailler ont un potentiel d’employabilité et/ou une aptitude à la formation.
Dans un contexte de pénurie généralisée de main-d’œuvre, les titulaires d'un permis F représentent une réelle opportunité pour les entreprises. Se distinguant souvent par leur motivation, ces personnes apportent avec elles diversité culturelle et compétences variées. L'engagement de tels profils peut s’inscrire dans une démarche éthique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). De plus, pour une personne migrante, trouver un emploi signifie un accès à l’autonomie financière, lui permettant ainsi de ne plus être dépendante de l’aide sociale.
Expérience largement positive
Guy Gaudard, fondateur de Gaudard Electricité, compte de nombreux migrants parmi ses apprentis, devenus ensuite employés. Revenant sur une expérience largement positive, il souligne l'importance de la volonté d'accueil, de formation et de patience pour accompagner leur intégration. Pour lui, cependant, il serait faux de voir dans l’engagement de tels profils une solution rapide «clé en main» aux problèmes de recrutement de main-d’œuvre, car les démarches peuvent s’avérer malgré tout compliquées.
Son conseil aux entrepreneurs? Faire confiance et surtout oser, ce qui crée in fine une expérience enrichissante pour tous.