Le rejet net, hier, de l’initiative contre le droit international montre que notre pays entend rester ouvert sur le monde. Il s’agit désormais de capitaliser sur ce message clair à l’heure où de nombreuses échéances essentielles nous attendent.
Le psychodrame du Brexit, avec son lot de rebondissements, de partisans, d’opposants, de «ni pour ni contre», voire d’adeptes d’un nouveau vote, a mis la Grande-Bretagne en situation de faiblesse à l’heure de négocier les conditions de son retrait de l’Union européenne (UE). Du coup, Bruxelles a eu beau jeu de surfer sur ce climat délétère pour imposer, en bombant le torse, un accord à une nation déchirée et désunie, accord dont l’issue demeure incertaine outre-Manche.
Dans ce contexte, le net rejet de l’initiative contre le droit international de ce week-end tombe à point nommé pour montrer que la Suisse reste ouverte, comme elle le fait depuis des décennies en concluant des accords avec des pays du monde entier. C’est en présentant un front large, comme viennent de le montrer le peuple et les cantons, que l’on peut traiter d’égal à égal avec un État ou une communauté d’États. Ce front uni est capital au moment où nous devons trouver une solution avec l’UE pour permettre d’adapter de manière dynamique les accords bilatéraux aux réalités du moment, d’en assurer l’interprétation de manière homogène, ainsi que la surveillance, et de déterminer les procédures de règlement des différends. Nous sommes un petit pays qui se trouve, de ce fait, toujours sur le fil, particulièrement pour réussir la négociation de cet accord-cadre. Mais un petit pays plein de ressources.
Pénurie de main-d’œuvre
La Suisse a besoin de l’extérieur pour se développer à l’intérieur. C’est d’autant plus vrai que la pénurie de main-d’œuvre commence à se faire sentir chez nous. La dernière enquête conjoncturelle de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) révèle que plus d’un quart des répondants rencontrent actuellement des difficultés de recrutement. Plusieurs études, dont une récente d’Adecco, montrent que l’accélération des départs à la retraite des baby-boomers va provoquer à terme une situation de carence aiguë sur le marché du travail. Nous pourrons certes combler ce manque de cerveaux et de bras en promouvant davantage de femmes à des postes de direction et intégrant davantage les seniors, mais il manquera assurément des talents qu’il s’agira d’aller chercher hors de nos frontières.
Dans cette perspective, d’autres combats essentiels se profilent à l’horizon pour la place économique, comme l’initiative populaire «Pour une immigration modérée (initiative de limitation)», sur laquelle nous nous prononcerons probablement vers la fin de 2020. Dans la foulée du résultat probant de ce week-end, nous espérons que nos concitoyens réserveront un sort similaire à ce texte qui constitue une menace de plus sur notre prospérité et nos emplois.