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Erreur d'interprétation sur la stratégie énergétique

    
A lire les réactions des médias à l'issue de la consultation sur la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral, l'économie n'aurait qu'une idée en tête : empêcher la sortie de la Suisse du nucléaire. Le fait qu'aucune organisation faîtière ne demande la construction de nouvelles centrales semble avoir totalement échappé à la grande majorité des observateurs…
Cessons de donner dans la caricature ! Non, la stratégie énergétique 2050 ne fait pas l'objet d'une avalanche de critiques d'entrepreneurs parce qu'elle se propose d'abandonner l'atome. Elle inquiète les milieux économiques avant tout parce que la voie choisie par la Confédération est étatiste et beaucoup trop optimiste dans ses scénarios. La levée de taxes écologiques massives, sans concertation internationale, mettrait l'industrie helvétique à genoux. 
Prévoir des subventions par centaines de millions de francs dans les énergies renouvelables et la rénovation du parc immobilier aura un coût. Un coût que le Conseil fédéral se propose de payer par le biais d'une nouvelle fiscalité écologique qui frappera justement les entreprises qui sont les plus soumises à la concurrence internationale. Problème supplémentaire : cette facture ne nous sera présentée que dans deux ans. Nous sommes donc invités à choisir une stratégie sans savoir qui paiera, qui sera exempté, comment sera prélevé ce nouvel impôt et combien de temps il sera perçu. Ce n'est pas acceptable.
L'autre grande inquiétude réside dans la sécurité de l'approvisionnement en électricité. Malgré tous les efforts que ses entreprises et ses habitants fourniront, la Suisse ne parviendra plus à subvenir à ses propres besoins en électricité à l'horizon 2030, pour une part substantielle de sa consommation. L'Office fédéral de l'énergie (OFEN) le reconnaît lui-même. Deux options se présenteront alors : s'en remettre aux importations, et donc au bon vouloir de nos voisins, ou bien aux centrales à gaz. La CVCI est clairement d'avis qu'il faut favoriser ces dernières en aménageant la loi sur le CO2 de manière à les rendre rentables, au moins pour une phase transitoire. Mais la stratégie 2050 est des plus timides sur ce point. Il est facile de vanter la sortie du nucléaire, beaucoup moins d'admettre qu'il faut recourir aux énergies fossiles pour la réaliser…
Dernier élément  inacceptable : le caractère ultra-interventionniste du projet. On note qu'il ne s'agit pas que d'une opinion émanant des milieux économiques, même la Conférence des gouvernements cantonaux juge que la stratégie 2050 du Conseil fédéral n'est pas suffisamment axée sur le marché. Comme la CVCI, elle demande que la rétribution à prix coûtant (RPC) soit limitée dans le temps. Comme la CVCI, elle est sceptique quant à l'utilité d'une réforme fiscale écologique. 
Qu'on soit clair : les milieux économiques, et la CVCI en particulier, ne veulent pas bloquer toute transition énergétique en s'opposant à la stratégie énergétique 2050. Ce projet a été élaboré trop rapidement et sans une concertation suffisante. Il ne constitue pas une base solide pour bâtir la Suisse énergétique de demain. Philippe Gumy
(Pour LeJournal CVCI n° 36 - février 2013)
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Oriane Engel

Responsable du dossier Politique sociale et santé