Malgré le Brexit, le Royaume-Uni est aujourd'hui autorisé par Bruxelles à participer au programme de recherche européen Horizon Europe. Ce que la «perfide Albion» a obtenu, pourquoi la Suisse ne pourrait-elle pas l'arracher?
La nouvelle a eu un retentissement certain dans les milieux de la recherche suisse: Londres et Bruxelles ont annoncé la semaine dernière s'être mis d'accord sur la participation du Royaume-Uni au programme de recherche européen Horizon Europe et au programme européen d'observation de la Terre Copernicus. Le coup de Trafalgar qu'a constitué le Brexit en 2016 semble donc relégué dans les oubliettes!
La base de l'association du Royaume-Uni à ce programme ne tombe toutefois pas de nulle part. Elle réside dans l'accord de commerce et de coopération régissant la nouvelle relation entre les deux parties, entré en vigueur en 2021. Seule la question épineuse des contrôles aux frontières en Irlande du Nord empêchait la mise en œuvre du paragraphe qui stipule explicitement «la poursuite de la participation» du Royaume-Uni à Horizon Europe. L'accord dit de Windsor, conclu le 27 février de cette année, a finalement permis de solutionner le problème.
Passé la stupeur, cette annonce prend un relief particulier vu de Suisse. Pourquoi notre pays, exclu d'Horizon Europe en 2021 suite à l'abandon de l'accord-cadre par le Conseil fédéral, ne pourrait-il par lui aussi réintégrer ce programme? Comme l'a dit l'autre jour sur les ondes de la RTS Luciana Vaccaro, présidente de la faîtière Swissuniversities, cette nouvelle «montre que des solutions, que des issues sont possibles».
Un problème politique
Le problème, on le sait, est de nature politique. La Commission européenne subordonne une participation de la Suisse à Horizon Europe aux progrès des discussions sur les questions institutionnelles. Le Conseil fédéral n'a pas d'autre choix que d'aller de l'avant. Il a annoncé en juin dernier qu'il avait défini les paramètres d'un mandat de négociation avec l'UE. Cette étape une fois franchie, on peut imaginer que la Commission européenne donnera son feu vert au lancement des négociations sur Horizon Europe.
Les milieux de la recherche n'attendent que cela! En mai, le Conseil fédéral a certes adopté des mesures transitoires dans le cadre du paquet Horizon 2021-2027 pour les appels à projets 2023, avec une enveloppe de 625 millions de francs. Des mesures transitoires à hauteur de 1,2 milliard de francs ont déjà été adoptées par Berne pour les appels à projets lancés en 2021 et 2022.
L'argent injecté est certes bienvenu, mais il ne remplace en rien les échanges fructueux entre chercheurs. Comme le rappelait un entrepreneur dans la dernière édition de notre magazine «demain», «la question de la collaboration et de l’envie de travailler ensemble est essentielle au niveau de la recherche. C’est lié aux relations humaines et cela se développe au cours d’une carrière.»
Il est grand temps que le Conseil fédéral intègre cette réalité.