Le Conseil fédéral et la Commission européenne ont entamé lundi les négociations sur les Bilatérales III. La conclusion de ces nouveaux accords avec Bruxelles est cruciale pour les entreprises, mais le chemin qui y mène est semé d'embûches. L'économie suit ce dossier de très près.
La poignée de main échangée lundi à Bruxelles par Viola Amherd, présidente de la Confédération, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est à l'image de notre relation actuelle avec l'Union européenne (UE): un peu tiède. Au-delà de ces apparences, elle concrétise toutefois un réchauffement réjouissant des relations avec notre principal partenaire économique. Il était temps! L'abandon de l'accord-cadre en mai 2021 par le Conseil fédéral a laissé des traces: la perspective de signer de nouveaux accords bilatéraux avec l'UE ne s'apparente pas à une simple formalité. C'est pourquoi la Suisse doit serrer les rangs et montrer un profil uni.
On le sait, la rupture consommée en 2021 condamne à une mort lente les accords économiques existants entre Berne et Bruxelles. Sans les Bilatérales III, jusqu’à 60% des entreprises exportatrices suisses ne pourraient plus participer au marché intérieur de l’UE à partir de 2026/2027. Cette situation n'est pas tenable. Les négociations en cours consistent notamment à mettre à jour les cinq accords d’accès et de participation au marché intérieur existants, de conclure deux nouveaux accords d’accès et de participation au marché (dans les domaines de l’électricité et de la sécurité alimentaire) ainsi que des coopérations en matière de recherche, de formation et de santé.
Convaincre la population
L’ensemble des associations économiques et patronales romandes, dont la CVCI, soutiennent ce mandat de négociation. Elles estiment que la perte de l’accès au marché unique de même que la fin de la libre circulation des personnes nuiraient considérablement à la santé et à la compétitivité des entreprises. Ces arguments, frappés au coin du bon sens et confirmés par la réalité du terrain, risquent toutefois de ne pas suffire à convaincre le peuple, d'autant que ce dernier aura probablement son mot à dire dans les urnes.
La bonne santé économique que connaît notre pays, attestée par un chômage quasi inexistant, une inflation sous contrôle et des finances publiques encore saines, pourrait laisser l'impression que la Suisse va bien et qu'elle n'a conséquemment nul besoin de renforcer ses liens avec les 27. Cette apparence, trompeuse, fait le lit d'opposants comme le premier parti du pays et les syndicats. Drôle d'alliance de circonstance, en vérité. Il faut rappeler que ce paquet d'accords n'implique en rien l'abandon de notre souveraineté. De plus, le niveau actuel de protection des salaires est garanti par les résultats obtenus lors des discussions qui ont conduit au mandat de négociation.
Le bilatéralisme, source de prospérité
L'heure est bel et bien à l'union, pas à la désunion. La prospérité de la Suisse doit beaucoup aux bilatérales, qui ont dopé nos exportations et permis un accès sans discrimination au marché européen. Cette participation a permis à notre pays de maintenir et de développer des emplois en nombre. Ce succès – notamment celui de la région lémanique – repose aussi sur la capacité d’innovation et à l’excellence des hautes écoles et instituts de recherche privés. Aussi la réintégration de nos chercheurs au sein d’Horizon Europe est-elle fondamentale.
Une réelle communauté de destin nous unit à l’Union européenne. Il est grand temps de la consolider avec les Bilatérales, troisièmes du nom. L'économie suit ce dossier de près et lui apporte son plein soutien, car le calendrier est serré!